Préparer la dissertation : Ce cours ne portera pas à proprement parler sur un sujet de géopolitique comme nous avons pu le faire jusqu’à présent, mais bien sur un retour aux fondamentaux que vous avez vu et oublié et revu et re-oublié depuis la Seconde : la rédaction d’une dissertation.

Pour rappel : Nous conservons donc les trois dernières séances de ce TD à l’exercice de la dissertation. Ce premier cours pour vous préparer et vous rappeler les fondamentaux. Le cours suivant (le 4 avril) pour l’examen en lui-même, sur 2 heures. Pas de documents, pas de connexion. Le dernier cours pour corriger le sujet et vous donner quelques pistes. Attention, ce cours ne portera pas sur la correction de vos copies en particulier, mais bien sur le thème abordé pour la dissertation.

Pour rappel également : avec mon TD, si vous êtes au contrôle continu vous aurez 60% de la note finale : 30% avec l’exposé que vous avez réalisé (modulé de +/- 2 points par le TD autonome sur la vidéo), 30% avec la dissertation. Le reste sera validé par l’examen terminal pour tous les inscrits lors d’un examen le 18  avril (à vérifier) et sous forme, au choix, d’une dissertation ou d’un commentaire de texte. Le cours d’aujourd’hui a donc pour objectif de vous rappeler les fondamentaux pour un, voire, deux examens (si vous choisissez aussi la dissertation au contrôle terminal).

LA STRUCTURE DE LA DISSERTATION : Une dissertation, et d’une manière générale toute « présentation » (exposé, dossier…) présente 3 parties : L’introduction, le corps (ou développement), la conclusion.

Cette « structure doit apparaitre dans le texte, elle doit aussi apparaitre visuellement » c’est le principe de la mise en page du devoir : on doit automatiquement, d’un regard, savoir que vous changez de partie. ATTENTION : il ne faut pas écrire en toutes lettres : « introduction », « conclusion »… c’est très maladroit !!!

Chaque partie est elle-même divisée en sous-parties ou paragraphes.

Dans l’introduction, on attend une première phrase d’accroche qui reprend le sujet, sans le recopier. Ensuite on énonce la problématique : ce qui va servir d’idée de base tout au long du devoir. Le fil conducteur du propos. Enfin, on annonce le plan. Mais pas en énonçant 1, 2, 3 … juste une phrase ou deux pour expliquer quel va être le cheminement.

Ensuite c’est le corps de la dissertation, découpé en « parties ». Chaque partie est divisée en paragraphes : bloc texte, homogène, cohérent, bâti autour d’une idée ou d’un argumentaire. De deux à quatre parties maximum en fonction du temps dont vous disposez et de votre facilité à écrire. Il ne faut pas une seule partie, plus de 4 parties c’est trop. Chaque partie est composée de paragraphes qui développent chacun une idée, un aspect, un lieu, un évènement…

Enfin, la conclusion. C’est la dernière impression qu’aura le lecteur, peut-être donc la partie la plus importante. Ici encore 3 sous-parties : une reprise en résumé des arguments principaux développés dans le corps. Mais, attention, pas de redite, de copier/coller, ce qui a été développé dans un paragraphe doit tenir quasiment dans une phrase. Ensuite, apporter une « réponse », un bilan, de la problématique, et enfin, ouvrir le sujet vers d’autres pistes, d’autres perspectives.

LA STRUCTURE VISUELLE : Le lecteur doit, quasi automatiquement « voir » ce qu’il va lire. Pour cela, la mise en page va accompagner le regard. On commence toujours un paragraphe, un bloc, par un alinéa : un retrait de 2 ou 3 cm (en édition, on va même utiliser la « lettrine »), l’espace d’un mot en gros (pas plus). Ne jamais commencer en milieu de ligne. Si vous écrivez sur traitement de texte, utilisez une tabulation.

Pensez à aérer : laisser 2 ou 3 lignes entre chaque paragraphe. Mais pas au sein des paragraphes, pour tenter de gagner de la place et faire croire que vous avez fait 10 pages qui n’en contiennent que 2 !!!

On n’écrit pas « introduction », ni « plan », ni « première partie »… ça doit se voir !

LES ÉTAPES DE LA DISSERTATION4

1. Lire et comprendre le sujet (bien analyser les mots) – De quoi ça parle ?
2. Jeter ses idées en liste, en vrac, en réponse au sujet – De quoi allez-vous parler ?
3. Faire un plan : combien de parties ? Quoi dans l’intro ? Quoi dans la conclusion ?
4. Rédiger les parties
5. Rédiger l’introduction (possibilité de commencer par rédiger l'introduction et la conclusion afin de "cadrer" sa rédaction)
6. Mettre en forme : position des parties, liaison entre parties, cohérence…
7. Rédiger la conclusion : après avoir tout mis en forme, à partir de ce que vous avez écrit : rédiger la conclusion
8. Relire, vérifier orthographe

LA TAILLE ET LE TEMPS : C’est l ’éternelle question : à partir de combien de pages une dissertation est-elle « sérieuse » ? Sur 2 heures, avec une écriture « normale », il est difficile de dépasser les 5 pages. En même temps, développer un argumentaire fondé ne peut pas se faire en 3 pages. Un devoir de 8 ou 10 pages peut-être trop lourd. Mieux vaut du concis, du précis, que du délayé, du baratin. Pensez quand même que le correcteur a 10, 20, 50 copies à corriger…C’est un cauchemar pour vous… mais pour lui aussi !

Quel temps consacrer à chaque partie ? Plus votre plan est détaillé, plus votre problématique est claire, plus vous rédigerez vite. Donc, prenez le temps au début pour bien clarifier vos idées : analyse, mots-clés, plans, problématique. Vous ne pourrez pas tout dire, choisissez ce que vous allez dire et dites-le complètement. Il vaut mieux 2 ou 3 idées bien synthétisées et argumentées, qu’un fatras de tonnes d’idées non abouties.

Prenez du temps pour relire, pour conclure, pour corriger les fautes. Sur un devoir de 2 heures, compter à peine plus de la moitié du temps en rédaction propre du devoir (70 mn). Sur un devoir de 3 heures, ne pas dépasser une heure 40 pour garder du temps pour la conclusion. Un devoir rendu sans une bonne conclusion faute de temps est une catastrophe.

LES ERREURS FACILES « INSUPPORTABLES » : Voici quelques erreurs (simples) d’écriture que vous devez absolument éviter sous peine d’énerver le correcteur !!!

• Employer un style familier  (« …alors tu vois… »; «…là c’est n’importe quoi… »)
• Écrire en abrégé (pb pour « problème », cad pour « c’est-à-dire »)
• Écrire avec une couleur illisible (rouge, vert, bleu ciel !!! Non ! Noir ou bleu nuit)
• Écrire tout petit et/ou très serré (aérer, rendre lisible)
• Ne pas utiliser la ponctuation (c’est le souffle de la phrase)
• Ne pas mettre les accents (c’est une faute d’orthographe !
• Faire des ratures et des ratures sur les ratures
• Les couches de correcteurs qui font des « pâtés », le blanco où on se demande si vous ne cherchez pas à repeindre la copie en fin de compte !
• Fautes répétitives. Une faute faite, refaite et rerefaite dans le même paragraphe, voire la même phrase !
• Oublier les majuscules. Voir les règles dans une diapo dédiée.
• Les phrases sans verbe.
• Les phrases qui n’en finissent pas, qui font 5 lignes, sans ponctuation.

LES ERREURS DE FOND À NE PAS COMMETTRE

• Faire du hors sujet  (avoir toujours présent à l’esprit qu’on est en Géographie et en Géopolitique – conflit territoriaux, où et pourquoi là)
• Faire des affirmations sans fondement  (« l’Afrique ne s’en sortira jamais ! »)
• Avoir des propos racistes, antisémites, sexistes, xénophobes… (« tout ça c’est à cause des migrants !» ; « les juifs massacrent les palestiniens »…)
• Multiplier les banalités («le monde va de plus en plus mal !» ; « la planète meurt » !!!)
• Faire un conclusion trop longue ou trop courte. Minimum 5 lignes, maximum une demi-page.

Rappels sur l’écriture : Quelques petits trucs et astuces que vous devriez savoir, mais bon, c’est toujours utile de le rappeler…

LES EMPLOIS DE LA MAJUSCULE. La majuscule s’emploie :

• À la première lettre après un point, exclamation, interrogation, suspension
• Pour les noms propres : la France
• Sur les dérivés de noms de lieux : Un Français (mais pas : la population française)
• Sur les noms d’êtres surnaturels : Allah, les Muses, le Tout-Puissant
• Sur les marques : Pernot, Renault, Total…
• Sur les périodes de l’histoire : la Renaissance, les Temps Modernes…
• Sur le premier mot des sociétés : Les Nations unies, l’Union européenne…
• Quand on veut marquer le respect : Madame, Maître, Papa…
• Sur les fêtes : la Pentecôte, le Ramadan, la Toussaint…
• Dans les abréviations : URSS, UNESCO…

LES POINTS CARDINAUX : Contrairement à ce que beaucoup font (dont moi hélas !), la plupart du temps, les points cardinaux s’écrivent en minuscule. L’ouest, le nord-est, le sud-ouest… De même quand ils sont associés à des nom : le vent d’ouest. La « direction » prend une minuscule. Le lieu, par contre, va prendre une majuscule : les pays de l’Est. À noter qu’ils ne prennent jamais de « s » pluriel.

"…on peut vivre « dans l’Ouest » sans être pour cela « à l’ouest », et on peut quitter « le Nord » sans pour autant perdre « le nord »… (Bruno Dewaele)

Comment écrire les nombres et les siècles. Pour les nombres :

Si un seul chiffre, en toutes lettres : « Au bout de cinq ans… »
En chiffres arabes pour :

• Une quantité, longueur, durée, distance : « Il y a 12 km… »
• Une numérotation, année, article : « En 1925, j’avais cinq ans… »
• Une date : « 12 juillet 1917… »

Pour les siècles, beaucoup de formes d’écriture des siècles sont acceptées :

• En toutes lettres : vingtième siècle
• En chiffres romains  suivis de « ème » (et pas « ième ») : XVIIIème siècle
• En chiffres romains  suivis de «e » normal ou exposant : XVIIe et XVIIIe siècle
• Et même, à partir du XXe en chiffres romains : 21eme siècle

À noter que pour une date avant l’ère chrétienne, avant Jésus-Christ, on écrira : av. J.-C.  (apr. J.-C. pour après)

LA PONCTUATION : C’est surtout valable si vous êtes sous traitement de texte, mais pour aérer les phrases manuscrites, il est indispensable de connaître quelques règles sur les « espaces ».

• Pas d’espace avant et un espace après pour : le point, la virgule, les points de suspension
• Un espace avant ET après pour : le point-virgule, le point d’exclamation, d’interrogation, les deux-points
• Un espace avant ET après, mais pas « à l’intérieur », pour : les parenthèses, les crochets
• Un espace avant ET après ET à l’intérieur pour les guillemets
• Pas d’espace pour le tiret quand c’est un mot composé

LA FAUTE SYSTÉMATIQUE INFINITIF PARTICIPE PASSÉ

C’est la faute systématique que font 80% des élèves et qui pourrait éliminer 70% des fautes dans les copies : l’accord du verbe !!!

C’est très simple (ou presque) :

Conclusion : LES GRANDS ENJEUX DE LA GÉOPOLITIQUE ACTUELLE et du proche avenir…

Voici la liste (non exhaustive) des grandes questions de géopolitique actuelles pour lesquelles vous devez avoir des notions. L’idée n’est pas que vous soyez devenus des spécialistes sur la guerre en Tchétchénie ou des flux du commerce en Mer de Chine, mais bien que vous sachiez mettre en perspective ces informations auxquelles nous sommes confrontées tous les jours, dans un cadre national et international d’un monde sans cesse en mouvement. Vous vous inscrivez en tant qu’universitaire (vous êtes capable d’avoir un raisonnement construit, argumenté, intelligent), géographe (vous avez un regard qui s’intéresse à l’étude de l’homme dans son espace, dans son environnement), géopoliticien (en terme d’enjeux et de conflits sur des territoires, des États, des régions…). Vous devez donc pouvoir aborder les questions suivantes avec ce triple regard, pour le présent, mais aussi pour le futur.

• L’équilibre des puissances USA/Russie/Europe
• Après la guerre en Ukraine ?
• La Chine en mouvement
• Le Moyen-Orient poudrière de la planète
• Le réveil de l’Amérique Latine
• L’Afrique va-t-elle enfin décoller ?
• Les migrations
• La mondialisation et la puissance des GAFA
• Les conséquences du réchauffement climatique

LES RESSOURCES : Je ne saurais trop vous recommander d’aller piocher sur le Net, que ce soit sur IRIS ou sur d’autres sites, des exemples (libres d’accès) de dissertation en géopolitique afin de vous inspirer du style et des structures attendues. Attention cependant à ne pas plagier !!!

Je vous conseille l’excellent blog dédié de Serge BOYER : https://tdgeopolitique.blogspot.com/

Notamment sa fiche d’évaluation de la dissertation pour les classes préparatoires. Personnellement je vais me caler sur cette fiche pour vous évaluer.

Sur IRIS, vous avez accès aux ressources du 201. Allez voir la section « outils méthodologiques » et surtout « annales de partiels corrigés ».

Et puis lisez, informez-vous, soyez curieux !