201-3
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Jouons aux cartes !
Cette séance a pour objectif de vous montrer différentes visions du monde, mais aussi différentes stratégies de ceux qui ont produit, volontairement ou non des causes et des conséquences géopolitiques à partir de documents cartographiques. Réaliser et exposer une « image » n’est pas anodin, il y a un ou plusieurs messages derrière les images, dessins qui sont produits, d’une simple photo de coucher de soleil à une affiche de propagande. Le message transmit se complexifie encore plus lorsqu’il s’agit de territoires, d’espaces et de représentations de l’espace. En d’autres termes, la cartographie est géopolitique dans sa conception et sa représentation.
Un outil pour la guerre…ou la paix
Mais, avoir les cartes, c’est avoir le pouvoir sur l’espace, c’est représenter et voir la répartition spatiale des frontières, des limites, des stratégies à adopter dans les conflits, des secrets à préserver. Un exemple ? En France, en 1940 que le Service Géographique de l’armée (SGA) devient l’IGN (Institut Géographique National) afin de préserver les fonds cartographiques français de l’invasion allemande. Au XIXe siècle le roi (Charles X) ordonne au service des armées de réaliser le relevé complet de la couverture cartographique de la France au 1/40 000. Ce relevé, hautement stratégique, ne sera disponible au grand public que depuis la fin du XXe siècle ! Le nom même de carte « d’état major » est une référence directe à l’armée ! Aujourd’hui encore, dans certains pays (Chine, Corée du nord…) l’accès à une cartographie précise est encore impossible pour le public. Secret défense ! La cartographie est donc géopolitique aussi dans l’usage qu’on en fait. Donc, but du jeu dans les diapos suivantes : je vous montre une carte, vous me dites ce que c’est et quel est le contexte « géopolitique » (au sens très large) qui lui est lié…
Premier chapitre de ce cours : Quand la carte est religieuse
Carte en TO
Voici une carte en TO ou « carte en T » ou encore « T dans l’O » qui date du VIIe siècle et réalisée par Isidore, évêque de Séville dans son livre «Etymologiae ». Qu’est-ce qu’elle représente ? Pourquoi cette représentation ? Ce premier exemple cherche à vous montrer qu’on peut orienter une information en la symbolisant et pas forcément sur une représentation au premier degré. Il s’agit donc d’une représentation de la terre, non pas avec des formes géographiques comme elles ont pu l’être avec les grecs anciens (carte du monde de Ptolémée vers 150) et comme le seront les cartes arabes et méditerranéennes à partir des XIIIe et XIVe siècles, mais bien comme une conception de la structure du monde, un symbole cosmogonique (comment le monde a été formé). Ici, on voit un O représentant l’océan à l’extérieur et 3 « zones » connues à cette époque : l’Asie en Haut, l’Europe à gauche et l’Afrique à droite. Ces zones sont séparées par un T : la Méditerranée et les fleuves Tanaïs (aujourd’hui le Don qui se jette en Mer Noire) et Nil. La carte est représentée avec l’Asie en haut, donc vers l’Est. Pourquoi ? Cette carte est directement issue d’une croyance, a priori, admise par tous en ce VIIe siècle occidental : après le déluge, les 3 fils de Noé se partagent le monde : Sem pour l’Asie, Japhet pour l’Europe et Cam pour l’Afrique (rappelez-vous ce besoin de se partager le monde que nous avons vu dans le cours précédent !). C’est aussi la sainte trinité : Père, Fils, St Esprit, c’est aussi la forme de la croix du Christ… Cette carte est une affirmation de la doctrine religieuse, sans tenir compte (ou presque) de la réalité géographique. Le message est : c’est la preuve que le monde a été créé par Dieu, il en a la forme !
Trois exemples… Et, de fait, suivant un modèle imposé par un ordre religieux, un dogme, les représentations cartographiques dans d’autres publications vont reprendre ce partitionnement de la terre, cherchant soit à « imager », soit à « coller » à d’éventuelles réalités géographiques. Ici :
- Barthélemy l’Anglais – « Livre des propriétés des choses » - Vers 1200 - https://gallica.bnf.fr
- Jean Mansel – Simon Marmion – « La Fleur des Histoires » - Vers 1459 – BNF
- Mieux encore : même dans la cartographie arabo-musulmane, on va retrouver cette division du monde en trois parties, mais cette fois dont le centre est la Mecque : Ibn al-Wardi – « Perles des merveilles et joyau des raretés – 1479/883 égire – BNF. Un savant mélange des dogmes !!!
Carte de Bünting
En 1582, le pasteur protestant allemand Heinrich Bünting représente ainsi le monde dans son ouvrage Itinerarium Sacrae Scripturae (Voyage à travers les Saintes Écritures). Que pouvez-vous en dire ? Qu’est ce que ça implique ?
Ici encore une représentation religieuse, idéologique du monde. Jérusalem est au centre du monde, on reprend la trinité Europe Afrique Asie, et on fait des tentatives maladroites de représentation cartographiques et toponymiques internes, et on ne sait pas trop quoi faire de l’Amérique… Message religieux ? Oui, mais aussi un clin d’œil à sa ville de naissance : Hanovre, dont les armoiries sont… un trèfle ! Donc un mélange de cartographie, de symbolique religieuse, d’emphase poétique, voir même d’abstraction artistique. Le message n’est pas si simple que ça non ?
Mêmes dates ou presque, pas mêmes objectifs !
D’un côté la mappemonde de Mercator représentant l’état des connaissances géographiques en 1569, de l’autre une représentation religieuse (que nous venons de voir) à 10 ans d’écart… D’un côté, quelqu’un qui cherche, se renseigne, compare, se trompe, rassemble des connaissances, essaye de trouver une méthode de représentation, réalise des calculs, tâtonne, engrange, améliore, doute, explique… de l’autre un dogme transmis comme une ligne unique, une pensée unique, un cadre non expliqué, non vérifié, non discuté. Le raisonnement et la foi. L’un et l’autre ne sont pas incompatibles, mais ils ne sont pas opposables. Ils peuvent peut-être même s’enrichir mutuellement…
D’ailleurs, revenons à ma question de la carte en TO : pourquoi mettre l’Asie en haut et donc placer l’Est en haut et pas le nord ? Parce qu’on mettait « au dessus » le continent qui accueillait la terre du Christ et la localisation du Paradis. Aujourd’hui, la convention est le Nord en haut. Pourquoi ? On se localise par rapport au nord magnétique, découverte technique de la boussole ou au nord astronomique, l’étoile polaire, seule étoile fixe de l’hémisphère nord, découverte astronomique et donc sur une base scientifique, et pourtant, nous avons gardé, au plus profond de notre langage et de nos pensées le souvenir de cette représentation religieuse du monde… le verbe s’orienter : se tourner vers l’Orient !
Deuxième chapitre : Comment, par les cartes et même les calculs mathématiques, faire croire à la planète entière qu’on est le centre du monde !
Merci Mercator !
En 1569, Gérard Mercator finalise une carte du monde dans un système de projection qui passe un objet sphérique la terre en une représentation en 2 dimensions : la planisphère avec 2 caractéristiques mathématiques : conserver les angles pour faciliter la navigation et centrer sur l’Europe, zone de départ des bateaux. Mercator s'adresse aux navigateurs qui partent des côtes espagnoles, portugaises, françaises, anglaises, hollandaises... Et depuis, nous vivons avec ce mode de représentation, l’UTM : « universel transverse Mercator » !
Remarquable synthèse réalisée par le Dessous des cartes :
C’est toujours faux !
Par définition, représenter une sphère en 2 dimensions ne sera pas exact, il faudra choisir l’un ou l’autre des calculs de projection en fonction de critères. Mais ces critères sont-ils vraiment arbitraires ? Il existe des dizaines de projections différentes correspondant à des dizaines d'objectifs différents ! Ici, comparé à la projection de Mercator, la projection de Peters tient compte de la superficie réelle des continents (le Groenland est 18 fois plus petit que l’Afrique !!!). Que pouvez-vous en dire ? Qu’est ce que ça implique ?
- L’Afrique redevient cet énorme continent qu’elle est réellement
- L’Europe est une petite « région » très au nord
- L’Antarctique n’est plus cet immense continent (mais elle n’est pas non plus cette petite bande !!!)
Un bête planisphère ! Voici un exemple tout ce qu’il y a de plus banal d’un planisphère, de la marque IZOA spécialisée dans les papiers peints. A priori, aucun « discours » géopolitique ici, et pourtant… Que voyons-nous et que pouvons-nous en déduire (si on ne réfléchit pas !!) ?
- L’Europe est au centre de la représentation : donc l’Europe est au centre du monde
- L’Afrique est petite : donc l’Afrique n’est pas très importante
- Le mot Russia est écrit plus gros que les autres : donc la Russie est plus importante
- Les USA, la Chine, l’Australie, la Mauritanie, l’Angola… sont de la même couleur : donc ils appartiennent d’une manière ou d’une autre à un même « groupe » (de même que le Canada, le Brésil et la Russie…)
- Le Pacifique est renvoyé aux bords et tronqué : donc il est plus petit que l’Atlantique alors qu’il est 2 fois plus grand !
Donc, au-delà de la projection même utilisée pour représenter la terre, la sémiologie graphique est très importante pour faire passer sciemment ou non, un discours ou une idée, qui s'inscruste dans les esprits, nous en verrons d’autres exemples…
Maintenant que vous savez que les mappemondes que vous utilisez tous les jours sont centrées sur notre petit nombril d’européen, regardons un peu ce que pensent les autres ou plutôt quelles représentations peut-on faire si on change de point de vue !
Vue de Chine - Voici une carte du monde chinoise (dont je n’ai pas réussi à trouver les références d’origine). Que pouvez-vous en dire ? Qu’est ce que ça implique ?
Vue d’Australie - Cette carte a été créée par un australien : Stuart McArthur de Melbourne, en Australie en 1979. Elle est devenue extrêmement célèbre. Que pouvez-vous en dire ? Qu’est ce que ça implique ?
La "légende" prétend qu'il a dessiné sa première carte orientée au Sud à l'âge de 12 ans (1970). Plus tard, vers l'âge de 15 ans, étudiant au Japon on lui prouve que l'Australie est le fond du monde, carte à l'appui ! Six ans plus tard, à l'université de Melbourne, il réalise cette carte, centrée sur l'Australie et vue vers le sud qui va devenir un symbole de la remise en cause des conventions internationales et l'image de l'exaltation australienne devant, visuellement, le "centre du monde" !
Drapeau de l’ONU – 1947 Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, le drapeau de l’ONU est une carte ! Pour être plus précis, un planisphère en projection équidistante azimutale centrée sur le pôle nord. Que pouvez-vous en dire ? Qu’est ce que ça implique ?
De fait, c’est encore l’hémisphère nord : Europe, USA, Russie qui se retrouvent au centre du monde, mais quoi d'autre ?
Projection de Fuller - Richard Buckminster Fuller était un architecte et écrivain américain très engagé dans l’écologie (avant l’heure !), croyant, humaniste, altruiste et précurseur des communautés alternatives… en 1946 il produit cette projection (ici représentée par des images sattelites récentes). Que pouvez-vous en dire ? Qu’est ce que ça implique ?
Voilà typiquement une projection qui est un discours clair : nous appartenons tous à un même archipel ! Son sous-titre est « une seule île dans un seul océan », un superbe message d’unité… à la fin de la seconde guerre mondiale ! C’est aussi une des rares projections qui fait clairement apparaitre l’Antarctique.
Anamorphose - Ici, on va combiner formes des pays et quantités. Plus gros producteurs, plus grande taille et se dessine un nouveau monde… Que pouvez-vous en dire ? Qu’est ce que ça implique ? Qu'est ce qui est le centre du monde désormais ???
Ah, l’Afrique ! Voici une carte de l’Afrique datant de 1911 (C. LACOSTE/PRIVATE COLLECTION/ARCHIVES CHARMET/BRIDGEMAN IMAGES ,manuel scolaire de 1911.) Que pouvez-vous en dire ? Qu’est ce que ça implique ?
Bien sûr, il ne s’agit pas d’une carte de l’Afrique, mais bien des colonies européennes en Afrique !!!!
Miam miam ! Voici juste un clin d’œil, partiellement faux, mais ô combien révélateur des divergences de points de vue et des discours que l’on veut faire passer : En haut Les hommes tués par des requins / en bas les requins tués par des hommes. Bien entendu les données concernant les requins sont fausses, puisqu’il n’existe pratiquement aucun moyen de recenser les requins tués, mais c’est un message d’alerte frappant, notamment par l’utilisation du rouge !!!
Représenter Israël - Voici probablement l’exemple le plus révélateur des différents messages géopolitiques que peuvent transmettre les cartes avec des « points de vues » quelques peu différents : les limites géographiques de l’État d’Israël. À vous de saisir toutes les nuances de ces représentations cartographiques, sans « prise de position », sans excès, sans lecture partisane !
Carte générale - Voici la carte générale de l’État d’Israël telle qu’elle apparait dans wikipedia (source CIA wold Factbook) Que pouvez-vous en dire selon les connaissances que vous avez de la situation au Proche-Orient ?
Les colonies en Cisjordanie - Voici à présent une carte de la présence israélienne en Cisjordanie (attention, j’ai bien dit « la présence » !) - Quels sont vos commentaires ?
« Vision pour la Paix » - Voici une carte que Donald Trump a publié dans un twitt afin de prouver qu’il avait la solution pour répondre au conflit israélo-palestinien. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
L’archipel Palestinien - Cette carte a été réalisée par Julien Bousac . Après avoir vécu à Beyrouth (Liban) et Amman (Jordanie), cet historien spécialiste du Proche-Orient a mené des missions humanitaires en Afghanistan ou en Cisjordanie pour des ONG. C’est lors de ce séjour qu’il a réalisé cette carte en remplaçant les zones de présence israélienne dans les Territoires occupés par la mer. Les îles correspondent aux zones A et B (issues des accords d’Oslo de 1994) seules zones ou l’autorité palestinienne exerce son pouvoir entier ou partiel (soit moins de 60% de la Cisjordanie). Que vous inspire-t-elle ? Pourquoi représenter un 'espace maritime" ?
Que faire alors ?
Ne pas chercher à prendre parti, sinon vous devenez partisan, et risquez très vite de tomber dans… la propagande…
Voici à présent quelques exemples de cartes dont le rôle est d’amplifier en message ouvertement unilatéral. Si ces types de représentations se sont surtout développés au moment des Première et Deuxième guerres mondiales puis au moment de la Guerre Froide, elles ont pratiquement toujours existé et existent encore aujourd’hui.
Carta Marina 1539
La carte, par définition, est un support graphique et donc, de fait, est un excellent outil pour donner libre cours au dessin, à la peinture. Sur les premières cartes marines par exemple, on trouve nombre de dessins de bateaux, de sirènes, d’animaux fantastiques bien souvent pour simplement « combler » les grandes zones bleues. Parfois le message est religieux, fait appel aux croyances populaires, aux légendes rapportées, comme ici les différents animaux marins qui peuplent la carte dite Carta Marina, d’Olaus Magnus, premier évêque de Suède, qui, exilé à Venise, réalise en 1539 cette magnifique carte des pays de l’Europe du nord, de la Mer Baltique et même de l’Islande. D’après certains historiens, ces créatures seraient aussi des caricatures de certaines personnes avec lesquelles Olaus Magnus aurait voulu régler ses comptes…
Carte Leo Belgicus – 1617
On retrouve un très belle exemple d’association cartographie / dessin / symbolique à travers cette carte « Leo Belgicus » de 1617 où l’auteur a voulu associer l’animal emblème de la Belgique et des Pays-Bas le Lion et la forme des pays. C’est une représentation qui cherche à glorifier cette région et surtout à montrer qu’il existe une cohérence évidente entre territoire et symbole de ce territoire. On justifie des frontières artificielles par la symbolique visuelle !
Carte du parti communiste français – 1951
Nous abordons ici une technique très intéressante de l’exagération cartographique, celle d’une utilisation spécifique de la « sémiologie graphique », c’est-à-dire du sens qu’on va chercher à donner aux dessins et symboles utilisés. Ici, fond noir pour mettre en place un côté dramatique et utilisation de flèches quasi agressives et multiples donnant presque une impression de lancements de missiles ! Une telle représentation est clairement une prise de position anti-américaine ! Et tous les mouvements, les partis, toutes les opinions, depuis les visées coloniales, aux propagande nazi ont joué à ce jeu dangereux de la carte volontairement orientée pour influencer les lecteurs ! « Le poids des mots, le choc des cartos ! »
Extension de l’État islamique 2014
Cette carte a été diffusée en 2014 par des djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Elle a largement circulé sur Internet, relayée de twitt en twitt. Des sites d’information comme ABC (USA) l’ont reprise sans en vérifier l’origine, et l’interprétant comme une «montrant les plans d’extension d’EI pour les cinq prochaines années». Faux. En fait il s’agit d’une carte des « territoires » qui ont été, au cours de l’histoire, des entités politiques à domination musulmane, mais en rien un programme d’extension d’EIIL, qui n’avait de visée d’extension qu’en Irak et en Syrie. Double discours de propagande ici :
- Certains partisans du groupe qui répandent une fausse nouvelle pour terroriser l’opinion
- Certains médias occidentaux qui relaient une information pour terroriser l’opinion
Cette carte est à rapprocher de ce que nous verrons dans le chapitre suivant : les fake maps !
Voici, pour finir, quelques exemples de fausses cartes, comme de fausses informations, telles les fameuses fake news dont le tristement célèbre Donald Trump nous a abreuvé pendant 4 ans…
Carte de Liu Gang
Cette carte qui circule sur Internet serait une carte du monde, d’origine chinoise datée de 1418. Qu’est-ce qui vous choque ? Quel est l’objectif de cette carte ? Cette carte dite de Liu Gang tendrait à prouver que la Chine aurait arpenté le monde et découvert notamment l’Amérique bien avant les européens, la date donnée pour la carte étant de 1418. Bien sûr, c’est un faux, réalisé en 1763 et qui a été réalisé par Mo Yi Tong pour le compte de la propagande chinoise et aujourd’hui encore cette carte est savamment distillée sur les réseaux pour faire « naitre le doute » !
Comment le prouver ? Par le croisement de toutes les recherches historiques et archéologiques réalisées depuis des centaines d’années, notamment les recherches chinoises sur les explorations de l’amiral Zheng He, seul grand explorateur maritime chinois de la fin du XIVe siècle et qui a parcouru l’Océan Indien jusqu’en Afrique de l’Est, mais en aucun cas n’aurait fait le tour de l’Afrique ou découvert l’Amérique. De plus, une carte aussi « détaillée » qui montrerait la forme complète des continents y compris la partie nord de l’Amérique ou de l’Europe ne peut en aucun cas être du XVe siècle !
Les monts de Kong
Vous allez me dire : nous voilà bien loin de la géopolitique contemporaine ! Pas si sur ! Voici la carte de l’Afrique explorée en 1805 réalisée par le cartographe britannique John Cary. Que voyez-vous et si vous connaissez un peu la carte du continent africain, qu’est-ce qui vous gène ? Afin d’expliquer la forme du fleuve Niger, l’explorateur Mungo Park mentionna en 1798 la découverte d’une chaîne de montagnes autour de 10° de latitude nord en Afrique occidentale. Toutes les cartographies vont reprendre cette hypothèse d’une chaine montagneuse, la prolongeant même jusqu’en actuelle Éthiopie, « coupant » l’Afrique en deux. Ce n’est qu’en 1888 qu’on s’est aperçu que la chaîne de montagne de Kong n’avaient jamais existé ! Kong est une ville du nord de la Côte d’Ivoire, mais, en 1933, lorsque Merian C. Cooper racontera l’histoire de son gorille géant, il choisira le nom de Kong, en hommage aux mystérieux monts de Kong !
Allez, en conclusion, quelques petits clins d’œil surprenants autour de la « géopolitique » de la cartographie…
L’incroyable « vraie » carte militaire chinoise ! Aux confins de la Chine, à la frontière de la Mongolie Intérieure, il existe une « photographie aérienne » de 700 m de large sur 900 m de long, entourée par un mur et protégée par une garnison militaire chinoise. C’est une reproduction sur le terrain et en 3D, découpée et modelée au sein même du paysage désertique d’une région chinoise revendiquée par l’Inde sur sa frontière Nord. En cas de conflit, les chinois ont une carte stratégique de 63 hectares !
Confettis ! Voici la carte des « miettes de terre » (chhitmahals) correspondant aux 200 enclaves à la frontière entre l’Inde et le Bengladesh (103 enclaves indiennes à l'intérieur du Bangladesh et 92 enclaves bangladaises à l'intérieur de l'Inde – dont 24 enclaves de 2e ordre : elles-mêmes situées à l'intérieur d'enclaves de l'autre pays !!!). La plus petite enclave fait la taille d’une piscine olympique ! 50 000 à 100 000 personnes survivent dans ces enclaves dans des conditions épouvantables : aucun accès à l'eau, l'électricité, l'éducation… Les habitants pour accéder à leur propre pays (parfois éloignés de 200 m !) doivent présenter une carte d'identité au contrôle des gardes-frontières… sauf si la frontière est fermée… Après des tentatives de réunification en 1947, 1949, 1958, 1971, 1974, 2001, 2011, 2013, ce n’est qu’en 2015 que la plupart des enclaves sont échangées… mais ça n’est pas fini…
Gun Country - Voici une œuvre d’art de l’artiste conceptuel Michael Murphy, une carte des USA réalisée à partir de 150 mitraillettes jouets en plastique (installée sur le toit de l'UICA dans le Michigan) afin de dénoncer le pouvoir des armes aux États-Unis et provoquer le débat.
Eh oui ! Juste une statistique pour vous remettre les idées en place par rapport à la science et aux croyances… Selon un récent sondage IFOP : 9% de français pensent que la terre est plate
Et selon une étude américaine : 16% des américains et 34% des 18/24 ans pensent également que la terre est plate…
Elle est pas belle la vie ?
Alors, pour conclure : laissons la parole à Sénèque !