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...Chez Francky

Carte postale

Le joyeux petit monde de la carte postale et des écrivains d’un été !

 

Encyclopédie approximative et presque pratique du bon usage de la carte postale

 

 

Au fait, c’est quoi une carte postale ?

Physique élémentaire de la carte postale

N’est pas carte postale qui veut ! Si cela parait évident pour la plupart, mais n’essayez pas d’envoyer par la poste un beau dessin que vous aurez fait dans le sable d’une plage de Marie-Galante où vous passez votre été, ça ne marche pas : on ne sait pas comment coller le timbre, où écrire l’adresse du destinataire…

La carte postale est définie par des règles strictes (enfin, plus ou moins), dans sa forme, dans sa vocation, dans son essence même qui en fait un formidable outil de correspondance alliant images et textes (et même parfois sons et odeurs !). Mais la carte postale n’a pas toujours existé et il n’était pas toujours facile à Cro-Magnon de donner des nouvelles de ses pérégrinations à ses parents (si tant est qu’il les ait connu !).

Un peu d’Histoire

C’est pourtant clair : la carte postale est « une feuille de carton mince suffisamment résistant dont la moitié droite au moins du recto est réservée à l'adresse du destinataire » (définition de l’administration officielle des postes). Même si nos lointains ancêtres ne dédaignaient pas faire parvenir à leurs congénères des nouvelles du front polaire en régression, très tôt la plaque de granit est abandonnée, les frais de transport étaient beaucoup trop élevés.

De même certains, au fil des siècles, s’essayèrent sans grand succès à l’envoi de « nouvelles brèves » associées à des images : papyrus joliment enluminés, icônes orthodoxes, céramiques romaines, gribouillis de moine copiste cherchant à se distraire un peu de sa quarante-septième recopie de l’Apocalypse … Si les tentatives étaient belles, bien peu de missives parvinrent effectivement à leur destinataire pour la simple et bonne raison que – les moyens de transport couramment utilisés à l’époque étant quelque peu archaïques – la « pré-carte » postale arrivait en général une ou deux générations après le décès du destinataire.

En effet, pour qu’il y ait carte postale il faut qu’il y ait voyage et pour qu’il y ait voyage, il faut un moyen de transport relativement rapide et sur. Ainsi, si vous choisissiez, au XIIème siècle d’aller passer vos vacances en Thaïlande (qui n’était encore que « le royaume de Siam », attention à bien mettre l’adresse exacte !) depuis la proche banlieue parisienne, vous deviez vous munir d’une certaine dose de patience pour déjà, espérer arriver à bon port, avant de vous soucier d’envoyer de vos nouvelles.

Nous ne verrons apparaître véritablement dans l’Histoire la notion même de « carte postale » que vers 1870. La première carte postale française illustrée apparaît en 1889 (la Libonis) et représente la Tour Eiffel. Comme quoi, dès ses débuts, la vocation première de la carte postale a été de faire voyager le mauvais goût !

Avec la civilisation des loisirs, le développement de la photographie et surtout l’irrésistible besoin de mettre quelques dizaines, centaines ou même milliers de kilomètres entre le quotidien industriel morose et lui, l’homme moderne, au début du XXème siècle, se jette dans la civilisation de la carte postale. Tout est désormais possible à l’autre bout du monde, y compris torturer à distance ses congénères restés dans les frimas métropolitains à travailler 50 heures par semaine.

10 par 15

Là où les « autorités compétentes » en matière de définition de carte postale sont un peu moins d’accord, c’est sur son format. On serait même tenté d’admettre que c’est le grand n’importe quoi international !

En théorie, les dimensions minimales d’une carte postale sont 70 par 100 mm et maximales 107 par 150 mm. En théorie. Nous verrons que dans la typologie des cartes, certaines ont des tailles et des formes « atypiques » voir « hystériques ». Cependant, ne mégotons pas, dans l’ensemble les tailles originelles sont pratiquement respectées. Par exemple n’essayer pas de faire croire au préposé des postes que votre missive de 800 par 1200 mm est une carte postale. Il vous répondra très justement que c’est un poster ! Grande est la connaissance du préposé des postes !

 Ça cartonne

Autre problématique technologique inhérente à la définition de la carte : le support. Je cite : « une feuille de carton mince suffisamment résistant ». Une feuille de carton, on voit bien, mince, on comprend un peu, mais « suffisamment résistant », voilà bien une terminologie qui peut prêter à interrogation ! Suffisamment résistant par rapport à quoi ? Cette caractéristique technique pose-t-elle comme préambule que, dans tous les cas, le transport de la carte se fera dans des conditions déplorables qui risquent bien d’achever sa résistance ? Si c’est le cas, pourquoi ne pas avoir d’emblée imposé la carte postale en acier trempé ? Et c’est là que l’homme de la rue, dans une logique implacable, vous rétorquera très justement : « Essayez donc d’écrire au stylo sur une plaque d’acier trempé ! ». Bien vu.

Cependant, on est en droit de se demander parfois à la vue de certaines cartes que nous proposent des marchands peu scrupuleux s’il existe encore, sous les broderies, les froufrou en tulle, les perles ou les coquillages collés, un objet qui réponde à la première partie de la définition originelle (« une feuille de carton mince »). Par contre nous avons tous pu vérifier que la seconde partie de la définition était amplement satisfaite : il est pratiquement impossible de déchirer ces cartes ! Hélas !

A la recherche de la carte qui tue

Qui n’en veut de mes belles cartes ?

On distingue globalement quatre grandes catégories de vendeurs de cartes postales :

L’annexe de l’artiste

C’est le spécialiste. L’intégralité du magasin « d’art » est dédié à la carte, idéalisant l’objet, magnifiant sa puissance créatrice, vous enrobant de béatitude devant tant de beauté. C’est bien simple, vous seriez prêt à payer l’entrée du magasin pour pouvoir admirer les chefs d’œuvres ! Bien entendu chaque carte est signée d’un grand nom de la photographie ou de la peinture et il ne saurait être question d’y vendre n’importe qu’elle carte : ce sont TOUJOURS de magnifiques paysages aux teints pastels, des cadrages époustouflants d’originalité (la catégorie gagnante étant « mur blanc sur mer bleue dans les Cyclades »), voir des reproductions plus ou moins abstraites. Toujours dans la pénombre, c’est le lieu de rendez-vous des « vrais amateurs d’art », des poètes du carton imprimé, de ceux qui ne se mélangent pas à la foule qui déambule en short, en plein soleil, dehors. Ici, même les cartes postales peuvent être payées avec « l’Amex ». Ici, vous ne verrez JAMAIS de présentoir tournant ! (voir plus bas). En général, on n’envoie pas les cartes du magasin d’art (ou alors sous enveloppe – « vendu séparément »), elles sont trop belles !

Le fourre-tout

Entre les cigarettes et les ballons, entre les sandwichs et le drap de plage d’ACDC, le vendeur fourre-tout se doit d’exposer également des cartes postales : il n’y a pas de petits profits ! En général, c’est même la profusion de tourniquets qu’il arbore, disposant sur le devant de sa boutique une file quasi infranchissable de présentoirs. Par contre, ne vous attendez pas à trouver des reproductions fidèles du musée archéologique d’à côté. Non, le fourre-tout sera plus enclin, clientèle oblige, à exposer des cartes banales de coucher de soleil avec « souvenir de… », des cartes de recettes de cuisine et bien évidemment des cartes « coquines ». Les faibles prix pratiqués sont indexés sur l’état général des cartes ayant passé un été au vent et au soleil…

Le magicien

Point de boutique ici. Le magicien est un être (plus ou moins louche) qui vous accoste et, comme par miracle, sort de ses poches quelques dizaines de cartes (reliées entre elles) qu’il déroule patiemment sous vos yeux discrets. Le magicien qui est très rarement de la même nationalité que l’autochtone n’aura de cesse de vous poursuivre jusqu’à ce que vous ayez acheté ses cartes. Au bout du compte, devant votre lassitude et le prix diminué par deux à chaque mètre parcouru, vous finirez par lui acheter ses cartes sans même leur avoir jeté un coup d’œil. Ce n’est qu’une fois tranquille, retourné à l’hôtel ou au camping que vous vous apercevrez à quel point vos cartes sont moches. Mais bon, c’était vraiment pas cher ! D’ailleurs, il est intéressant de noter que les cartes des magiciens ne sont que très rarement envoyées.

Chefs d’œuvre en puéril

De plus en plus fréquemment, on trouve désormais des lieux proposant des cartes postales mais dont l’objectif initial n’est pas la vente de cartes postales : les églises, les monuments, les musées… Ici, la vente de cartes est presque une activité dont on a honte, mais bon, il faut bien renflouer un peu les caisses du chef d’œuvre en péril local ! Tout est alors prétexte à justifier la vente (et les prix excessifs !) : « les bénéfices réalisés serviront à refaire la toiture du château », « en achetant ces cartes, vous contribuerez à la propreté de ces lieux »… Si, bien souvent les cartes proposées ont un rapport direct avec le site visité, il n’est pas rare de trouver des images plutôt incongrues en ces lieux : cartes « coquines » devant l’église classée au patrimoine mondial, cartes «les châteaux de la Loire » dans la forteresse de Carcassonne. Cette dernière possibilité permet cependant au touriste malin d’envoyer une carte d’un endroit où il ne mettra jamais les pieds !

Présentoir de m…. !

Pour attirer le client, les cartes postales sont présentées dans des sortes d’instruments de torture en ferraille et destinés soit à vous empêcher de passer, soit à vous traver ou pire à vous exploser le petit doigt de pied qui dépassait malencontreusement de la tong : Le « présentoir », appelé également « tourniquet » objet commercial qu’il serait utile de verser assez rapidement au Panthéon de la connerie !

En voici les preuves accablantes :

Lieu-dit

Avez-vous remarqué que la carte qui vous intéresse le plus est TOUJOURS placée en bas du présentoir derrière le fessier de la grosse dame de la caisse !

Tournez manège

Avez-vous remarqué qu’il est systématiquement impossible de faire tourner un présentoir de cartes postales, soit parce qu’il est trop vieux, trop rouillé, trop tordu, soit parce qu’il est placé de telle façon qu’il est bloqué contre la porte ? Auquel cas lorsque vous tentez de faire tourner le présentoir la porte vient avec ainsi que la caisse de ballons…Quelqu’un pourrait-il dire aux fabricants de présentoirs tournants qu’ils cessent de les faire tournant : ça ne sert à rien !

Le hululement du présentoir

S’il a tourné dans sa jeunesse et s’il ne tourne plus dès l’âge adulte, le présentoir passe par un stade agonisant caractérisé par son cri. En effet qui n’a pas eu les nerfs à vif  et les poils hérissés à l’écoute de la plainte insupportable du présentoir qu’on tente de faire tourner ? Etrangement, c’est toujours dans les endroits calmes et de recueillement que le présentoir pousse sa plus belle plainte. Dans une petite église grecque, au beau milieu de l’enterrement du patriarche, vous avez toujours un touriste allemand qui, pour accompagner le triste silence ambiant, décide de se lancer dans un solo de présentoir de cartes postales, joyeux crissement en ut majeur, entre le hurlement de bébé et la cornemuse désaccordée. Le touriste allemand est mélomane !

C’est mon tour !

Si, par un miracle de mère nature le présentoir tourne bien, sans bruit (c'est-à-dire, en gros uniquement dans les trois premiers jours après son installation), avez-vous remarqué qu’il y a alors TOUJOURS de l’autre côté du présentoir un touriste qui fait tourner le présentoir dans le sens inverse du votre et, en plus, juste au moment où vous alliez enfin retirer la carte que vous cherchiez depuis une heure ?

Sale gosse

Le présentoir tourne, c’est un fait. Hélas, le premier a s’en être rendu compte est le petit diable de 6 ans, qui n’a plus le droit de jouer sur la plage et qui décide de passer ses nerfs sur le présentoir. C’est merveilleux, ça peut tourner très vite ! Pour vous ça a tourné au cauchemar puisque, bien évidemment le présentoir, après quelques tentatives d’envol infructueuses a malencontreusement fini sa course folle sur votre tibia. Cette année, en plus des cartes postales et des coups de soleil, vous ramènerez de vos vacances une splendide balafre au mollet !

Mortal combat

Avez-vous remarqué que les présentoirs à cartes sont TOUJOURS dans le passage des clients et qu’il est donc impossible de choisir tranquillement, bousculé sans cesse par ceux qui rentrent ou sortent ? Le fin du fin étant lorsque vous êtes à quatre pattes par terre à la recherche de la carte de votre vie, dans les odeurs d’espadrilles en bout de courses et que les clients (en général des fumeurs en manque et donc pressés !) jouent à saute-mouton avec vous.

Vive les nains

D’ailleurs, vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les présentoirs permettaient de présenter des cartes jusqu’à 20 cm du sol ? Y’aurait-il des collections de cartes postales aussi pour nos chers amis à poils ? En général le rang de cartes postales le plus bas sur le présentoir sert plus souvent d’urinoir pour chien que de piège à touriste. Malheur à l’éditeur qui atterrira en bas des présentoirs ! Malheur au client qui n’aura plus d’autre choix que d’acheter les cartes du bas !

Compression de présentoir

Autre question fondamentale qui mériterait quelques thèses en sociologie : pourquoi les commerçants regarnissent-ils jusqu’à limite d’explosion les présentoirs individuels ? Vous pouvez être sur que la carte qui vous plait devra être extraite de son compartiment au pied de biche tant elle est coincée devant les autres ! Naturellement une fois ôtée après y avoir laissé quelques ongles, le vendeur exigera que vous achetiez la dite carte qui est totalement pourrie après les contraintes que vous venez de lui faire subir !

Comme sur des roulettes

S’il est rare que les présentoirs tournent réellement, fort malheureusement, ils sont également munis de roulettes, qui, elles, fonctionnent. En conséquence, nous vous proposons un petit exercice de physique amusante :

-          Prenons un présentoir « A » dont le système de rotation « B » est fâché

-          Le présentoir « A » est monté sur des roulettes respectivement « A1 », « A2 », « A3 » et « A4 »

-          Le tout est disposé sur un trottoir bordant la plage selon un plan légèrement incliné de l’ordre de 3 ou 4 degrés (ça suffit)

-          Prenons maintenant un touriste « Alpha » (au « Marcel » ou « Hans » au choix) et demandons lui de choisir une carte à l’opposé de sa position initiale par rapport au présentoir « A ». Répétons l’expérience tout un été.

-          Calculez le nombre de touristes traumatisés à vie pour avoir été pourchassé jusque sur la plage par un présentoir fou ?

Money, money

L’un des grands mystères qui entoure la carte postale est son prix. Chez un même vendeur, sur le même présentoir, la même photo une fois complète, une fois avec un énorme cadre blanc verra son prix doublé. Le blanc a-t-il été peint à la main pour justifier une telle différence ? Fièrement, le vendeur vous répondra « non, mais celle-là est signée !». CQFD.

Pas cher !

De même, vous venez de passer une demi-heure à choisir une splendide carte, dans un splendide magasin « d’art » (lumière tamisée, murs sombre, musique feutrée…) entre le rayon livres anciens et artisanat brut, et tout fier, après avoir payé une fortune votre bout de carton de 15 cm, immanquablement, 10 minutes plus tard, vous tombez sur la même carte, exposée entre le Kebab et le râteau de plage dans le boui-boui du bout de la plage. Son prix, alors, aura été divisé par quatre !

Vraiment pas cher !

Autre phénomène universel lié au prix, l’achat par lot : Une carte est vendue 1 €, deux cartes = 1.5 €, cinq cartes = 4€… En calculant bien : prenez 25 cartes, logiquement, le vendeur vous paiera !!

Kit postal

Toujours sur les prix pratiqués il est rare qu’on cherche à acheter seulement la carte. En effet, sans le timbre, voir sans l’enveloppe, vous aurez du mal à envoyer votre carte ! Passons outre le fait que SYSTEMATIQUEMENT le vendeur de cartes ne vend pas de timbres et qu’il vous faudra parcourir deux kilomètres de plus sous un soleil de plomb pour trouver une poste (fermée au moment où vous arrivez bien sur !). Supposons donc que vous vouliez une carte, une enveloppe et un timbre, le prix initial très bas de la carte se sera envolé avec l’enveloppe et les timbres et vous aurez payé l’enveloppe deux fois plus cher que la carte ! Parfois le vendeur, un peu filou, vous fera un discours élaboré sur le fait que «dans son pays, les cartes doivent être envoyées obligatoirement sous enveloppe, c’est la loi ! ». Ce qu’il oublie de dire c’est que le prix de l’enveloppe n’est pas compris dans le prix de la carte, c’est aussi la loi !

Chéri, on a enfin des nouvelles du petit !

Avez-vous remarqué qu’on n’utilise pas le terme « correspondant » pour désigner celui ou celle qui reçoit votre carte ? En effet, par définition, le correspond va « correspondre » avec vous. Cependant, on imagine mal, le cher tonton, une fois reçu votre « Souvenir de Papeete !», vous renvoyer à Papeete une jolie carte « Souvenir du bâtiment B4, cité des Lilas, Vitry-sur-Seine ! ». Le monde est mal fait.

On préfèrera donc utiliser le terme de « destinataire », bienséance oblige.

Mais à qui s’adressent les cartes ?

Si le public potentiel, destinataire de cartes postales est très large, certains sont privilégies, d’autres peu réceptifs, mais commençons par les exclus.

Les exclus et indésirables

Certaines catégories socioprofessionnelles sont définitivement exclues de la réception postale. Il ne viendrait à l’idée de personne d’envoyer une carte postale à son percepteur (sauf pour lui annoncer qu’on a émigré dans un paradis fiscal à l’autre bout du monde !). De même, on hésite à correspondre avec son dentiste, son proctologue ou même son banquier. Il faudrait avoir un lien de parenté quelconque avec « ces gens là » pour oser leur faire plaisir, et encore ! Toutefois, l’objectif justement peut être de ne pas leur faire plaisir : Envoyer un magnifique coucher de soleil d’une plage du Pacifique avec simplement ces quelques mots « je vais bien merci ! » à son cancérologue six mois après l’avoir entendu vous dire qu’il vous restait une semaine à vivre peut être extrêmement jouissif !

A l’inverse, il peut être délicat voir carrément obscène d’envoyer « de bonnes nouvelles » à une personne qui ne saura les apprécier à leur juste valeur, l’ingrat.

Les parents toujours aussi proches

Bien évidemment, la première grande catégorie de destinataires des cartes postales sont les parents immédiats, le taux d’accroissement de plaisir de réception de carte étant proportionnel à l’âge : plus les pères et mères sont vieux, plus ils sont friands d’instantanés de bout du monde de leurs chères progénitures et ce pour plusieurs raisons :

  • L’ingrat rejeton, qui, en France ne donne que très rarement des nouvelles, profitera de ses vacances pour, enfin, avoir une pensée furtive envers ses géniteurs. Ils partageront quelques lignes de son bonheur fugace et au pire, sauront s’il est toujours vivant !
  • Les personnes âgées, la vue faiblissant, se contentent aisément de quelques lignes écrites en gros, un courrier de quatre pages les épuisant en général assez rapidement. De même ils ont quelques problèmes avec les nouvelles technologies (excluons donc le mail ou le fax) et notamment avec le téléphone. Rares sont ceux qui comprennent que l’émigré d’un été appelant d’une cabine téléphonique à l’abandon, dans les faubourgs de Bangkok à la nuit tombée n’a que peu de temps à consacrer aux excentricités du « chienchien à sa mémère » ou à la « sciatique du voisin de palier ». Son budget vacances se rétrécissant à vue d’œil sur le compteur du susdit téléphone, il a tendance à couper court à tout discours paramédical, allant même parfois, le fourbe, jusqu’à profiter de la « mauvaise liaison satellite » pour abréger… Mais les rapports téléphoniques mériteraient à eux seul tout un ouvrage !
  • Les anciens aiment les images. Dans presque tous les cas la magnifique carte du coucher de soleil finira au mieux dans l’album photo de famille, au pire au dessus du téléviseur entre le cendrier en étain et le portait du grand-père. A noter qu’avec l’arrivée des écrans de télévision plats c’est tout l’aménagement du salon qu’il faut désormais revoir. Enfin, avec la généralisation des courriers électroniques, on imagine mal nos anciens encadrer amoureusement un bête tirage papier du mail reçu la veille. Avec les nouvelles technologies, y’a plus rien qui marche mon bon monsieur !

Chers petits n’enfants

L’autre grande catégorie « parentale » des destinataires privilégiés est constituée par les enfants. C’est la première année qu’on laisse le petit aux grands-parents, il faut lui envoyer des nouvelles rassurantes et lui dire qu’on l’aime toujours. Les parents, culpabilisés égrainent invariablement le même discours : « mon chéri – on pense à toi très fort – on espère que tu t’amuses bien chez mamie - on revient très vite – on te ramène un beau cadeau – gros bisou… ». Même si ceux-ci s’éclatent comme des fous au Club Med de Dakar, l’enfant n’en saura rien : il ne faut surtout pas admettre qu’on peut être heureux sans lui ! Parallèlement, si l’enfant est en bas âge et que c’est mamie qui lui lit la carte au mieux il serrera amoureusement la jolie image du bout de carton, au pire il bénéficiera d’une superbe leçon sur l’art du mensonge pour parfaire son propre apprentissage de la technique.

Pour l’adolescent, le contexte sera totalement différent puisque lui, entre les copains, les premières soirées en boite et les amourettes d’été profitera à plein de sa liberté estivale, se foutant éperdument d’avoir des nouvelles de ses « viocs ». Le seul intérêt qu’il trouve dans la réception de la carte est la date : combien de jours de liberté lui reste-t-il encore ?

Les parents lointains, très lointains

Cousins, cousines, ceux qu’on n’a pas vu depuis 20 ans, mais quand, même : c’est la famille

Les « autres »

Le patron, la secrétaire, les voisins…

Les écriveurs, rédacteurs, scribouillards, vacanciers…en d’autres termes ceux qui écrivent la carte !

Quel que soit l’endroit où vous êtes de part le monde, que vous soyez ouvrier ou cadre supérieur, enfant ou retraité, à un moment ou à un autre de vos vacances vous ne passerez pas outre la case « aujourd’hui je fais les cartes ». Corvée pour les uns, exercice délicieux pour les autres, c’est dans ces quelques lignes accrochées à un bout de carton que va s’exprimer votre vraie nature. Quel rédacteur êtes-vous ? Voici quelques faciès typiques dans lesquels vous vous reconnaîtrez sûrement :

Le fainéant : il est obligé d’écrire la carte pour ne pas froisser mamie ou tonton, mais c’est vraiment pas son truc. Dans cette catégorie nous pouvons également affilier le djeun’, fan de textos et autres SMS. Le stade ultime étant juste le gri-gri, le petit dessin ou la simple signature. Il arrive qu’on puisse lire à nouveau la carte du fainéant un fois retourné en France (en se munissant d’un miroir), c’est alors un membre de la catégorie « fainéant dormeur » qui s’est endormi sur la plage, au soleil…sur la carte.

Le polycopieur : Sur le fond, le polycopieur est à affilier au groupe des fainéants : 20 cartes, 20 destinataires, 20 fois le même texte (neutre, afin de s’adapter à tous les publics visés) et très probablement identique, au mot près, à la carte de l’année précédente. Le polycopieur acharné prendra même soin d’aller tous les ans en vacances au même endroit et d’acheter les mêmes cartes. C’est bien simple, depuis 17 ans, le rayon « carte postale » de la boutique de souvenirs aura changé  14 fois de place. Pas le polycopieur !

L’anxieux : on sent qu’il est parti à reculons, tout étonné d’être encore en vie. En général il s’est arrêté à la description épouvantable de son parcours et des conditions lamentables de l’accès au lieu de villégiature. Bien évidemment, on n’en saura pas plus, même s’il est descendu dans un 5 étoiles à Bora Bora.

Le neuneu : la catégorie « neuneu » est en général réservée aux adolescents, aux très très âgés ou aux très très « fatigués ». Leurs textes sont invariablement très courts (ce qui les rapprochent des « fainéants ») mais systématiquement incompréhensibles voir carrément débiles. Le cas le plus fréquent est celui du djeun’ qui, inspiré par sa culture cinématographique abyssale se contentera du « j’m’éclate », du « ça farte à mort » ou encore du « j’kiffe trop sa race à ce bled » (dans le cas présent, il peut être à New-York ou au Machu Pichu, il « kiffera » pareil !). S’il rajoute en plus « lol »  ou « mdr » il exclue définitivement de sa correspondance tout destinataire de plus de 17 ans ! Enfin si la carte est parsemée de « D&C », « Roxy », « Guess » ou « Kana B », il exclue définitivement de sa correspondante tout destinataire de plus de 17 ans et de sexe masculin. Parallèlement le recto de la carte représentera une vague photo dégoulinante de couleurs fluo (souvent une publicité pour des « fringues branchées » d’ailleurs), un animal plus ou moins domestique, ou le portrait du Che, en fonction du degré de culture du sus nommé « neuneu ». Enfin, les textes (disons plutôt les 3 mots écrits) sont systématiquement accompagnés d’une bonne vingtaine de points d’exclamation, quand la carte n’est pas carrément taguée. Il existe cependant une variante que nous ne pouvons passer sous silence, au « neuneu » congénital : le « neuneu  professionnel ». Celui-ci, par exemple, se fera un malin plaisir de recopier l’intégralité de la notice technique de son appareil photo sur la carte postale qu’il vous envoie dans le seul but d’exacerber sa connerie. Dans le rayon pro on trouve également un texte amoureusement recopié d’une langue non utilisée depuis 4 000 ans (et qui lui a demandé très probablement de longues heures de travail !), l’extrait du journal officiel, la composition chimique de la bouteille d’eau posée à côté de la carte… Bien entendu, le destinataire n’en saura pas plus, parfois même ne saura même pas qui lui a envoyé la carte. A l’autre bout du monde, un sourire satisfait s’affiche sur le visage de l’expéditeur, neuneu par vocation, nihiliste de la communication ! A noter que l’humour du neuneu professionnel a une portée limitée aux autres neuneux de sa caste, ses missives étant en général très mal perçues par ses proches et en particulier par ses parents ! On peut aisément rapprocher le neuneu professionnel du comique professionnel (voir plus loin).

Le besogneux : une carte postale est bien trop petite pour lui. Il lui faudrait un « livre postal » pour tout ce qu’il a à dire, et d’ailleurs il tient en parallèle un journal de voyage où il note tout. Il n’a pas encore posé le pied sur la tarmac qu’une vingtaine de pages sont déjà noircies. En général il est précis, n’oublie ni la date, ni l’heure et doit faire un effort suprême pour ne pas écrire aussi côté photo ! Le moindre espace est occupé, il écrit d’abord horizontalement, puis dans la marge, puis verticalement…Le besogneux, c’est tout un monde qui s’exprime !

Le besogneux scientifique : il décrit son périple en long en large et en travers, par le détail, explique tout, écrit tout petit pour tout dire et n’hésite pas à envoyer plusieurs cartes qui se suivent. En général les cartes postales du littéraire scientifique peuvent être transférées directement dans les guides de voyage, mais il est rare qu’on aie le courage de tout lire jusqu’au bout !

Le besogneux poète : quel que soit l’endroit où il est (même un camping pourri à côté de Dunkerque !) il va se répandre en longues tirades (si possible en vers) sur les couchers de soleil, le parfum de la brise, la fuite du temps et le devenir de l’homme. C’est parfois beau, souvent cucul !

Le besogneux psychotique : lui n’écrira rien sur son lieu de villégiature. Il serait à Blois ou à Papeete que le résultat serait le même : il écrira sur lui, ses petits tracas, éventuellement sa dépression, voir sa mauvaise turista qui ne passe pas !

Le cadre commercial : il n’a pas compris qu’il était en vacances, il se croit toujours au bureau et sa carte postale lui sert d’agenda, de planning, de mémo ou pire, de téléphone professionnel. En général il écrit aux collègues de bureau, mais s’il écrit à ses proches, il fera exactement la même chose. Ce qu’il n’a pas compris c’est que sa carte arrivera bien après son retour (d’autant plus qu’il prend des vacances très courtes, ses fonctions suprêmes et indispensables lui interdisant toute absence prolongée de plus de 5 jours !)… Mais tout ça c’est du passé, désormais, le cadre ne se sépare plus jamais de son téléphone portable satellite étanche (Ah, les quinquas bedonnants avec le portable glissé dans le maillot au bord de la piscine, pestant contre leur secrétaire qui ne répond pas alors qu’il est 3 heures du matin en France !)

Le météorologue : (très fréquent) Celui-ci se contente en général de décrire les conditions météo depuis la température de l’air, l’état du soleil en passant par la salinité de l’eau. Cette technique, en général, peut avoir un très fort impact sur les destinataires en période hivernale. C’est d’ailleurs dans cette catégorie qu’apparaît « le sadique » qui, à grands renforts d’extrêmes thermiques prend un malin plaisir à imaginer les destinataires sous la grisaille par moins 15 degrés alors qu’il se prélasse sur une plage des Antilles ou de l’Océan Indien. Dans la même catégorie, on trouve également « le pervers » qui, même s’il a un temps de chien préfèrera mentir plutôt que de décevoir son ego. Il faut dire qu’il a payé une fortune son voyage à l’autre bout du monde et que, pas de chance, il tombe en pleine mousson et ne verra pas le soleil pendant 15 jours ! Dans cette catégorie on trouve également le « météorologue inversé ». En l’occurrence, ici, il sera parti se geler en Antarctique un 15 août ! Individu à rapprocher du neuneu.

Le béat : C’est l’opposé de l’anxieux : pour lui tout est merveilleux, c’est le voyage de sa vie, il hurle sa joie et son bonheur, il est à 150 km de chez lui, juste derrière la frontière, mais c’est le nouveau Nicolas Hulot. Deux possibilités, soit il est sincère et même chez lui, dès qu’il sort au coin de la rue c’est l’aventure, soit c’est un pervers et a des comptes à régler avec les destinataires. Dans tous les cas, il cherchera pendant des heures la bonne carte postale qui complètera ses dire (un magnifique coucher de soleil sur Palavas par exemple avec un angle de vue où la raffinerie sera invisible)

Le photo-interprète : Il n’a pas grand-chose à dire, n’a pas compris qu’une image pouvait être vue, est bien souvent un passionné de photos (celui qui vous condamne à la soirée diapo une semaine après son retour !) et va décrire jusqu’au moindre détail la photographie du verso. Il arrive que le photo-interprète le devienne malgré lui : il s’est cassé la jambe en sortant de l’avion, végète sur un lit d’hôpital et vous inonde de cartes en attendant son rapatriement, vous parlant avec maints détails d’un paysage qu’il a aperçu brièvement à travers la vitre de l’ambulance.

Le souillon : allongé sur le sable, la glace dans une main, la crème solaire dans l’autre, il est inutile qu’il tente de disserter sur ses vacances : les taches qui parsèment sa carte suffisent amplement à décrire en détail ses pérégrinations. D’autant plus qu’au soleil : les stylos, ça coule ! A noter en général que le recto de la carte est  aussi moche que le verso ! A ce propos, savez-vous que c’est à un souillon particulièrement consciencieux que l’on doit l’invention de la carte à puces ?

Le distrait : c’est un bon travailleur mais un peu tête en l’air : il écrit une douzaine de cartes, à la chaîne et, malheureusement, interverti les adresses et les textes correspondants : « Tonton Léon – Maison de retraite Hervé Villard – Impasse de la rue qui monte – 78 233 St Briscard // Mon grand Amour, si tu savais comme tu me manques. Rappelle-toi notre folle nuit de l’été dernier – Mon corps frémit à cette pensée – Gazou – Ton adoré. »

Dans la même catégorie du « distrait » on trouve régulièrement l’individu qui a acheté ses belles cartes, noté avec précision le bon texte sur la bonne carte, affranchi « au tarif en vigueur » et… qui retrouve ses cartes, bien rangées dans son sac une fois rentré au pays. Il ne peut plus envoyer sa carte : le timbre n’est pas valable ! D’aucun collectionnent ainsi, au fil des voyages, de beaux courriers qui n’auront jamais vu le préposé aux postes. Un conseil : qu’ils s’écrivent alors directement les cartes, ça leur fera un journal de voyage original !

Le collectionneur : lui, il se fout du texte, ce sera le même pour tout le monde ! L’important c’est le nombre de cartes qu’il envoie. Soit parce qu’il s’emmerde tellement qu’il n’a rien d’autre à faire, soit parce qu’il est dans un lieu que la moitié de la terre lui envie. Auquel cas, une fois ratissés ses parents, sa famille, ses amis, les voisins et les collègues de bureau, il s’attaque aux anciens du collège, à ses profs de maternelle, à son banquier… Tout le monde aura droit au « souvenir de l’île de Pacques ». Il se répandra en explications pour bien vous montrer qu’il y était, que c’était dur et loin, mais qu’il a fait un truc incroyable ! Bien évidemment, la moitié des destinataires ne recevra jamais sa carte (depuis 25 ans, il est probable que la petite Hélène de la troisième 7 a changé d’adresse !), mais lui ce sera fait plaisir (à noter qu’il aura également fait plaisir au vendeur de cartes en rupture de stock !).

Le gourmand : Celui-ci va décrire quasi exclusivement ce qu’il mange et boit dans sa villégiature, soit parce qu’il n’y a absolument rien d’autre à faire dans le trou pourri où il est tombé, soit parce que pour lui « exotisme » rime avec « buffet à volonté ». C’est un grand fan de la carte « recette de cuisine ». Dans cette catégorie on trouvera également « le baffreur » (savant mélange de « gourmand » et de « souillon »), « l’alcoolique » et « l’obsédé sexuel »  dont on imagine aisément la teneur de la carte recto et verso…

L’éternel enfant : Même une fois largement passé l’adolescence boutonneuse, l’éternel enfant rédigera son texte comme s’il avait toujours 6 ans : Je passe de bonnes vacances avec Jean-Claude et Marie. Hier j’ai été à la plage et on a mangé des huîtres. Je pense beaucoup à vous et je vous embrasse très fort. En général, la photo de la carte est aussi tarte que le texte ce qui n’empêchera aucunement de faire venir une petite larme dans l’œil de la moman destinataire pour qui les 96 kilos de son fils de 43 ans ne comptent guère.

Le technicien : Son texte importe peu puisqu’il aura consciencieusement choisit une carte postale qui fera le boulot à sa place : Un diaporama complet, annoté du lieu de vacances, la carte géographique détaillée ou même la carte « recette de cuisine ». En général d’ailleurs son texte se résume à : « Voir au dos ». Le technicien (hormis sa recherche approfondie de la bonne carte) est à ranger dans la catégorie « fainéant ».

L’artiste : Designeur, peintre, coloriste en dehors des vacances, il délaissera le stylo pour sortir ses pinceaux, ses gouaches pour décrire son périple. Le problème étant que si son dessin est réellement superbe ou même s’il est relativement célèbre : la carte n’arrivera jamais ! Dans cette catégorie on trouve égale « l’artiste en herbe » qui va « agrémenter » sa carte de frises, de petites fleurs, de cadres jolis, parfois tellement nombreux que la carte est illisible, adresse comprise : la carte n’arrivera jamais !

Le spécialiste : Il aura acheté la carte postale du gros plan du tesson de vase antique qu’il aura vu lors de sa visite au musée archéologique local et, pour bien vous montrer son érudition, vous assènera un discours de professeur d’université sur le pourquoi et le comment du fameux tesson de vase. Pour le reste, vous ne saurez jamais si la plage est belle, il est d’ailleurs fort probable qu’il n’y a pas mis les pieds. Sa carte est aussi chiante que lui !

Le voyageur spatio-temporel : Lui, il n’a pas compris qu’il était parti (voir « le cadre ») : il continue une conversation entamée la veille de son départ comme s’il n’avait pas remarqué qu’il venait de prendre 8 000 km dans les pattes. Pire, dans cette catégorie on trouve (très fréquemment) celui qui pose des questions de type « comment vas-tu ? » ou « alors, tu l’as eu cet examen ? ». Il n’aura la réponse que 3 semaines plus tard, mais ça ne le dérange en rien ! Il arrive parfois dans cette catégorie qu’on croise également « l’anxieux » ou « le ronchon » : ce qu’il vit ne l’intéresse pas, son voyage est vraiment pourri, il ne va donc pas parler de lui, mais bien des autres. Si une réponse pouvait lui être donnée ce serait de type « si ça t’intéresse tellement, pourquoi t’es parti ! »

Le routier : il passe sa vie dans les transports et en profite pour écrire ses cartes (en général il est assez pressé et n’a que peu de temps à vous consacrer : il faut qu’il roule, qu’il vole, qu’il pédale…). Le problème est que souvent la technique du « routier » se conjugue au planning de « l’aventurier » (voir l’aventurier). Il écrit donc dans un 4x4 pourri sur une piste en terre défoncée et sa carte est totalement illisible. Le résultat sera identique pour les cartes rédigées en avion : le routier rédacteur est un grand spécialiste du trou d’air (la carte pouvant, de ce fait, contenir également quelques restes du repas du routier…). L’heureux destinataire tentera, vainement, dans un premier temps de déchiffrer la carte, puis, lucide, dans un second conclura que l’expéditeur  est atteint de Dingue ou de crise de Paludisme (très chic si on voyage en milieu tropical) ou pire, de la maladie de Parkinson (moins chic !).

Le routier est à rapprocher du « flouté ». Le flouté est celui qui écrit tellement mal que personne ne pourra jamais lire sa correspondance. Mais, dans tous les cas, l’adresse étant, elle aussi totalement illisible, la carte ne parviendra jamais à son destinataire. De toute façon, le flouté s’en flout !

Le lâche : Il fuit, a quelques (rares) remords et profite d’une carte postale pour régler ses comptes. Au bout de trois mois il annonce à sa femme qu’il est parti, il règle ses comptes avec son (ancien) patron après avoir fait bonne mine à son pot de licenciement… Il va bien évidemment se débrouiller pour trouver une carte postale d’une neutralité absolue où les destinataires n’auront aucune chance de retrouver sa trace et de toute façon il a mis 15 heures d’avion avec son passé !

L’aventurier : C’est une catégorie qui écrit peu de cartes postales : entre une descente de rapides et une exploration à la machette dans la forêt primaire, l’aventurier a, en général, un mal de chien à trouver une poste ouverte au fin fond de la jungle amazonienne. Quand, par bonheur, il atteint une boite à lettre après 8 heures de marche dans la mangrove, les taches de sueur (voir de sang), les insectes collés et l’état général de la carte suffisent à décrire ses vacances. A ce titre, l’aventurier est a rapprocher du « souillon ».

Le comique professionnel : Son ambition n’est pas de donner de ses nouvelles, mais bien de conserver son statut « d’amuseur public » même à l’autre bout du monde. Suivant son niveau d’humour il se contentera d’acheter la carte postale pseudo-comique en stipulant au dos « elle est pas bonne celle là ? » ou bien déploiera des trésors de sarcasmes afin de contenter son auditoire. Le grand standard de l’écrivain comique est sans conteste la carte du cochon ou de tout animal de préférence laid ou mal aimé, accompagné systématiquement de l’éternel : « je pense beaucoup à toi ! ». Cette catégorie est toujours dans le même club de vacances que le « souillon », le « fainéant » et le « gourmand ». Il peut parfois dériver dangereusement vers la catégorie « neuneu ». Mais dans les comiques, hélas, on trouve également les « comiques malgré eux » : le « spontané » et le « pas-de-bol ».

Le comique spontané : Qui n’a pas reçu une carte commençant par « Je vous envoie cette carte pour… » ou par « Je vous écris de… ». Il est vrai que le destinataire ne sait pas ce que c’est qu’une carte postale et se demande bien comment l’auteur a réussi à aligner des petits symboles qui se suivent dans une logique implacable qui fait qu’on comprend sur le verso d’une photographie où est indiqué en haut, à gauche, en gros, le lieu de prise de vue !!!

Le comique pas-de-bol : Pourtant plein de bonnes volontés, le comique pas-de-bol va devoir subir l’épouvantable outrage du décalage entre la vie de sa carte et la vie réelle : « Je passe de merveilleuses vacances dans une nature sauvage !», carte envoyée la veille du jour où il s’est fait attaquer par un nid de frelons et où il ne peut pas demander le rapatriement sanitaire puisqu’on lui a volé tous ses papiers (passeport et carte bleue compris !). L’effet peut-être diplomatiquement délicat si le message s’adresse cette fois à l’heureux destinataire : « Comment vas-tu vielle branche ? » au Tonton qui vient de faire une chute d’arbre et est entièrement moulé dans le plâtre à l’hôpital (c’est d’ailleurs l’infirmière, hilare, qui lui lit la carte !). Attention : les mots s’envolent, les écrits restent, même sur une carte postale !!

Le puriste : Finissons donc notre éventail de portraits par celui qui, sans conteste est le spécialiste toutes catégories de la carte postale : le cartophile. Lui, il cherche pendant des heures, achète à des prix parfois exorbitants, mais n’envoie jamais de carte : il collectionne. D’ailleurs, le puriste n’est en général pas un grand voyageur. Ses horizons lointains ils les trouvera dans ces petites images dénichées aux puces, échangées entre connaisseurs. Les rares fois où il envoie une carte postale (il aura d’ailleurs fait le « voyage » uniquement dans le but de chercher la carte « ultime »), il prend bien garde de prévenir le destinataire de conserver précieusement la dite carte, non seulement parce que c’est une « merveille », mais aussi parce qu’il souhaite récupérer SA carte avec les timbres et les tampons exotiques dès son retour. C’est évident : il collectionne également les timbres et les tampons ! Avec le temps, le cartophile puriste devient cartophage, puis plus simplement vieux con.

Aïe : une seule carte, plusieurs rédacteurs !

Autre défi de la carte postale : la carte collective. Les difficultés inhérentes à la correspondance solitaire se doublent alors de problématiques techniques et sociologiques parfois insolubles. Plusieurs catégories doivent être discernées.

Unis pour la vie jusque dans la carte

Ah, la carte du fiston qui oblige sa gentille femme à « mettre un mot » sur la missive maternelle ! Quelques règlements de compte dans le couple peuvent alors se faire jour au fil du bristol. Prenons quelques exemples et gageons que ça rappelle de vieux (ou moins vieux) souvenirs à quelques uns :

Elle le sait ta mère que t’es nul ?

Après avoir brillamment donné de tendres nouvelles à sa chère moman, la petite belle-fille accepte plus ou moins bien volontiers de rajouter sa patte. Elle prend donc sa plus belle plume (si possible dans une couleur différente que celle utilisée par le fiston, histoire d’être bien lue), corrige les fautes de son cher époux et conclue, tout en bas, dans un petit coin par : « votre fils va bien » !

Jusqu’ici elle nous pourrit la vie !

Une variante, encore plus perverse consiste pour l’élu ou l’élue « prioritaire » à noircir de nouvelles parfaitement banales l’ensemble de la carte dans le seul but de ne laisser aucune place au conjoint(e) pour ajouter quelques mots. S’entame alors une magnifique partie de ping-pong dans le couple du style :

-  « Tu peux pas saquer mes parents, tu veux même pas leur mettre un p’tit mot, c’est minable, après tout ce qu’ils ont fait pour nous ! »

Aussitôt lobé par :

- « T’as vu la place que tu m’a laissé ? C’est toujours pareil : il faut toujours que tu prennes toute la place, tu m’étouffes ! »…

Bien évidemment, il ne saurait être question, tout simplement d’écrire 2 cartes. Non : j’écris à MES parents et tu signes, tu écris à TES parents et je signe ! Il arrive alors que la carte n’arrive jamais : c’est « l’autre » qui s’est chargé de la poster !!!

Pas mieux

Autre possibilité pour afficher son mécontentement manifeste : Ajouter simplement en bas de la carte « pareil » ou « pas mieux ». En général, ça finit chez le destinataire par :

- « T’as vu ta belle-fille ? Elle se fout de nous ! »

A noter que dans bien des cas cependant, c’est l’épouse – elle aussi,  future pauvre mère qui, d’ici quelques années se morfondra loin de son petit – oblige l’ingrat rejeton à aligner lamentablement 3 mots sur un bout de carton histoire de « faire plaisir à ses parents ». Au minimum, c’est elle qui aura choisi et acheté les cartes, mais également mis l’adresse et les timbres. Au maximum le fils n’aura plus qu’à signer. Mais attention, le mâle qui se croit à l’abri de toute malversation de sa femelle par cette pratique peut être lourdement piégé s’il n’y prend garde. Combien de belles-mères ont reçu des cartes postales représentant des cactus mexicains ou une meute de hyènes sur savane africaine, la belle-fille ayant trouvé le motif « plutôt joli » !! Dans cette catégorie, la photo gagnante est, sans conteste la carte « Sauvons les baleines ! ». Merci le WWF et GreenPeace !

Du bon usage et des petits tracas de la carte postale

Voici quelques anecdotes à propos de la carte postale qui ne manqueront pas de vous rappeler quelques souvenirs. Si ce n’est pas le cas, c’est que vous n’avez jamais envoyé de carte postale !

A poil la carte !

Tout d’abord, vous êtes-vous jamais demandé pourquoi, d’ordinaire, la carte postale n’est jamais sous enveloppe ? Pourquoi a-t-on inventé un système de communication personnel que tout le monde peut lire ? Est-ce par souci d’économie de transport ? Que nenni : le poids du carton est bien souvent comparable au poids d’une feuille sous enveloppe ! Est-ce pour accélérer la diffusion ? Pas plus : avez-vous déjà expérimenté les temps moyens d’acheminement d’une carte ? Bien souvent, on compte en semaines, voir en mois !

Non, la coutume d’expédier sa carte sans enveloppe est purement et simplement liée à la nature même de la carte postale : c’est un message bref, peu important, qu’on envoie durant une période de décontraction (théorique) : les vacances. Le monde entier doit savoir que vous êtes bronzé ! Mais le simple fait que votre message ne soit pas « protégé » et soit lisible par tous peut engendrer des conséquences parfois désastreuses.

Les voyages forment la jeunesse et déforment les cartes postales

La jolie carte de soleil couchant sur la plage du Pacifique, complétée par les quelques mots doux amoureusement griffonnées par le cher neveu finissent en bout de carton détrempé, chiffonné et illisible dans la boite à lettres du tonton. Passant de main en main, de camion en avion, voir de charrette en bicyclette. La pauvre carte aura subi les affres d’un transport pas toujours approprié, les aléas climatiques de quelques fuseaux horaires et les états d’âmes de fonctionnaires postaux parfois peu soigneux. Plus la carte est belle au départ, plus ce qui reste de la carte sera lamentable à l’arrivée ! Alors un conseil : achetez une carte pourrie dès le départ !

Y’en aura pour tout le monde !

Autre inconvénient majeur de la carte « à nue » : Tout le monde peut la lire. Peut-être pas tout le monde, mais en tout cas, tous les préposés zélés à l’acheminement du courrier, et ça peut représenter pas mal de personnes plus ou moins de confiance : celle qui va récupérer la carte dans la boite ; celle qui va l’acheminer à la poste centrale ; celle qui va la tamponner ; celle qui va la mettre en sac (car, avec un peu de chance, votre carte fera l’essentiel du voyage en sac !) ; celle qui va ouvrir le sac ; celle qui va pré trier le courrier ; celle qui va distribuer les lots pour chaque postier et enfin, celle qui va la déposer dans la boite du destinataire. Au total, au moins 8 personnes vont avoir accès à votre message. Pour peu que l’adresse ne soit pas exactement la bonne ou que le destinataire habite dans une résidence avec « concierge distributeur », vous pouvez rajouter 3 ou 4 individus qui se feront une joie d’empiéter sur votre vie privée ! Dès lors, il faut savoir que vous ne pouvez pas écrire tout et n’importe quoi sur votre carte. Certains messages sont à éviter si vous voulez qu’un jour (même lointain) votre destinataire recueille votre précieuse missive.

Hasta la victoria siempre !

Les messages à teneur politique, sociologique ou qui s’attaquent directement au Corps des Achemineurs. Evitez par exemple le : « A mort la Poste ! » ou « A bas les fonctionnaires ! » ou même « Celui qui lit est un con ! ». Il est fort peu probable que votre carte arrive un jour. A l’inverse, il peut être utile de s’adresser directement au lecteur furtif en le flattant et en commençant par une phrase du type : « Cher ami facteur, vous faites un travail remarquable, mais s’il vous plait, ne lisez pas la suite ! »

Chérie, chérie

Les messages très très intimes, voir carrément pornographiques de type : « Sors ton string en cuir, les chaînes et le fouet, préviens les voisins, j’arrive demain ! ». Il est probable que votre carte arrivera, mais avec quelques retards : elle aura fait le tour de tous les services du bureau de poste, un bon rire à la pose café ne peut pas faire de mal !

Allo la terre ?

Les messages vraiment importants qui peuvent avoir des conséquences pour l’ensemble de l’Humanité de type : « les fistules du pape s’agrandissent de jour en jour » ou  encore « mon premier contact avec les vénusiens s’est bien passé ». Cela dit, le correspond qui n’a pas trouvé d’autre moyen de communication qu’une carte postale pour annoncer la fin du monde a quelques soucis à se faire.

Monsieur le président…

Parfois ce n’est pas le message qui est primordial mais plutôt la personne à qui vous vous adressez. Si vous décidez de raconter vos vacances à Cuba au président des Etats-Unis, il est peu probable qu’il reçoive un jour votre carte en main propre ! Toujours dans l’optique de « sécurité nationale prévalent sur la liberté individuelle » il vaut mieux éviter les messages codés de type « la cargaison de farine sera comme prévu sur le quai 12, prévoir les porteurs de plomb» ou même l’usage de certains termes qui titillent à foison les différents services de renseignement des pays acheminant votre message. Citons en vrac « Bush, Guantanamo, AK47, C4, Kaboul… ». En général mieux vaut éviter les noms d’une bonne trentaine de pays, de villes ou de dirigeants politiques. Le barbouze est un être susceptible par les temps qui courent. Cela dit, si vous avez quand même décidé de passer vos vacances en Irak, en Afghanistan,  au Soudan ou même en Corée du Nord, il est fort peu probable que votre souci premier sera d’envoyer des cartes postales !

C’est pas grand une carte !

Le format même de la carte peut avoir des conséquences fâcheuses :

Plus d’adresse que de message !

Y’a pas de place pour écrire l’adresse et, en plus, le destinataire a une adresse qui n’en finit pas ! (une variante étant la carte qu’on envoie au bureau, et, pour ne fâcher personne, on est obligé d’écrire tous les noms des destinataires)

Taxes

Y ‘a tellement de timbres sur la carte que soit on ne peut plus rien écrire (même pas l’adresse), soit on a écrit avant et on ne peut plus rien lire (même pas l’adresse). Dans ce dernier cas, inutile de préciser que la carte n’arrivera jamais. De toute façon, s’il y a beaucoup de timbres, ça veut dire que vous êtes dans un pays sous-développé : la carte n’arrivera jamais.

Tous droits réservés

Dans la même série, l’éditeur de la carte postale n’a rien trouvé de mieux que d’imprimer, en très gros et en noir, 15 lignes de légende de la photographie en y ajoutant logo, code barre, prix… Il vous reste 2 cm² pour écrire, c’est très énervant !!! C’est à se demander si l’éditeur n’a pas fait imprimer les cartes pour son usage personnel exclusif…

Le bout du monde

On est dans un pays où l’écriture est proche de hiéroglyphes et comme on ne connaît pas un mot, même pas le terme « France » en langage local, on écrit l’adresse « normalement » : la carte n’arrivera jamais ! Essayez le sanscrit au fin fond du Bhoutan par exemple.

Fin de série

Y’a plus qu’une seule carte postale elle est jaunie par le temps, écornée, avec les marques du présentoir rouillé, ne correspond en rien à ce que vous vivez mais vous n’avez pas d’autre choix que de l’acheter. En général, le texte d’accompagnement est de la forme : « Désolé, c’est tout ce qu’il restait, mais bon, ça se passe bien quand même ! »

Typographie balnéaire

Est-ce la volupté des vacances, la douceur du vent du large, mais avez-vous remarqué qu’on n’écrit pas une carte postale comme si on écrivait un courrier ordinaire. Bien entendu les termes vont changer et s’adapter à la situation, mais plus étrange le style d’écriture et la mise en page s’épanouissent dans un graphisme propre.

Y’a de la houle !

Systématiquement on écrit en diagonale. Est-ce la gîte du navire ? La forme de l’espace d’écriture ? La position du rédacteur allongé sur la plage ?... Toujours est-il que le cadre « destiné à cet usage » n’est plus qu’un vague souvenir à l’expédition.

De profundis

De même : pourquoi écrivons-nous systématiquement trop gros. A moins d’adresser des courriers à « l’amicale des non et mal-voyants » quel intérêt a-t-on de doubler la taille de ses lettres ? La joie peut-être ? La frustration inconsciente de n’avoir qu’un petit espace de liberté littéraire ? Toujours est-il que, très vite, le rédacteur se rend compte qu’il ne pourra pas tout dire et on assiste alors, au fil des lignes à un rétrécissement progressif des hauteurs de lettres, la missive se terminant par des pattes de mouche illisibles, quand ce n’est pas l’essentiel qui passe à la trappe : la signature, les embrassades ou la tendre conclusion.

Télégraphe forever

Bien souvent, le soleil, la fatigue, le décalage horaire et, bien sur, la faible taille de l’espace de travail obligent l’écrivain à éluder articles et compléments dans ses phrases, quand ce n’est pas sujet et verbe, l’essentiel étant dans le « bisou » final ou dans la signature. On se retrouve alors dans la situation des pionniers du télégraphe : « arrivé » STOP « beau » STOP « chaud » STOP « soleil » STOP…

Il n’est peut être pas inutile de rappeler ici que le coût de transport de la carte postale ne se fait pas à la lettre ou au mot !

J’aime pas les cartes postales !

Vous n’aimez pas envoyer de carte postale, vous vous en foutez, de toute façon vous n’aimez personne et si les autres sont trop cons pour rester en France pendant que vous vous dorez à l’autre bout du monde, c’est bien fait pour leur gueule…Plusieurs solutions permettent de sortir la tête haute (ou presque) et de trouver des justifications auprès de la mamie ou du tonton qui ne vivait que dans l’attente de votre carte.

Le bout du bout du monde

Vous partez dans un pays où il n’y a ni carte, ni timbre, ni poste…Essayez d’envoyer une carte de Conakry, d’Oulan-Bator ou de Bujumbura par exemple ! (J'ai essayé !) Cela dit, si vous choisissez une destination de villégiature uniquement pour ne pas envoyer de carte c’est un peu pervers…

Quel dommage

Vous avez oublié votre carnet d’adresse (très commun) et vous êtes désolé. Vous avez bien envoyé une carte à « Marcel Durant – France » mais les postiers français n’ont pas fait leur boulot, c’est un scandale !

Quel dommage bis

Vous avez oublié votre stylo et vous êtes perdu loin de toute civilisation. Vous avez bien envoyé une carte en écrivant avec un bout de charbon de bois (ou avec votre sang trempé dans une plume de vautour pour les héros) mais la carte n’arrivera pas parce que, ici encore les postiers n’ont pas fait leur boulot ! L’adresse était pourtant bonne. Bon, la pluie (parce qu’en plus il pleuvait !) a un peu effacé l’adresse, mais quand même, les fonctionnaires : que des bons à rien !

A dos d’âne

Vous avez envoyé une carte, mais, la poste locale étant tellement lente, les moyens de transport locaux tellement imprécis (et dangereux), les échanges internationaux tellement précaires « là-bas » que votre carte mettra des semaines à arriver, bien après votre retour. Bien évidemment, vous n’avez jamais envoyé de carte, mais dans quelques semaines, mamie ou tonton auront oublié votre explication !

Pays de merde !

Vous avez envoyé une carte mais comme la carte était vraiment superbe, les postiers locaux l’ont volé. Une variante (très fréquente) consiste à faire croire à l’arrivée que le pays étant tellement pauvre, les postiers tellement corrompus qu’ils ont volé les timbres pour les revendre au marché noir. Entre nous, vous en avez vu beaucoup des marchés noirs de timbres ?!! Poussant le vice jusqu’au bout, d’aucuns prétendront que le pays étant tellement pauvre, mais tellement pauvre que la carte a été mangée par un ch’ti n’enfant qui avait faim ! On sera alors tenté de se demander, à juste titre, ce qui vous a poussé à essayer d’écrire une carte dans un pays aussi pourri plutôt que de sauver votre peau !!

Fait d’été

Vous avez la chance extraordinaire de profiter d’un crash de l’avion postal, d’un tsunami, d’un incendie dans la poste centrale… Vous avez bien envoyé une carte, mais, oh, pas de chance, elle était dans le mauvais sac au mauvais moment. C’est un peu tiré par les cheveux, mais bon…

Courage, fuyons !

Enfin, si vous ne voulez vraiment, mais vraiment pas écrire de cartes postales et que vous ne voulez pas non plus vous encombrer de justificatifs plus ou moins fallacieux il vous reste quelques pistes, parfois radicales :

XXX

N’apprenez pas à écrire (sachez cependant que ça peut fermer quelques portes sur votre avenir !). C’est une hypothèse à laquelle il faut se préparer très tôt. Cela dit, si vous lisez ces lignes, l’argument ne tient plus ! De plus vous pouvez très bien envoyer une carte avec une simple croix pour le texte et pour l’adresse. Il est peut probable cependant que votre carte arrive.

H ! Silence

Sectionnez vous les doigts des deux mains à hauteur de la première phalange (avec un massicot d’imprimerie par exemple. Nous déconseillons la scie à métaux, pratique pour une main, plus difficile pour l’autre. Si vous optez pour la scie, faites-vous aider !). Une version light consiste à avoir les deux bras dans le plâtre. Evitez alors les plages ou la piscine, c’est frustrant.

GRRRRR !!!

Ne connaissez  personne. Attention, il s’agit bien de connaissance et non uniquement d’êtres chers. Si vous vous référez, entre autre à la catégorie « sadique » vous admettrez que bien souvent on envoie des cartes également aux personnes que l’on n’aime pas. A ce propos, il existe une corrélation directe entre la haine de vous portez au destinataire et la qualité de votre lieu de vacances : plus c’est beau, loin, cher, exotique, plus la carte postale fera mal à l’arrivée !

« Souvenir de l’usine d’incinération »

Enfin, dernière solution, probablement la plus économique : ne partez pas. En effet, il est assez rare d’envoyer une carte postale de son usine de montage, de son siège technique ou de son centre commercial !

Jouons aux cartes maintenant !

A présent que vous savez tout, ou presque, du petit monde de la carte postale, nous vous proposons de jouer avec les cartes, car, bien sur, tout ça n’est pas très sérieux !

Pas de pitié pour les destinataires !

Vous n’aimez pas écrire de carte, mais vous êtes obligé, c’est la loi des vacances ! Faites-le savoir :

Ben, il est où ?

Pour perdre un peu les destinataires : acheter des cartes lors d’un premier voyage, mais ne les envoyer que lors d’un deuxième voyage, depuis une autre destination : c’est toujours amusant. Vous êtes au Mexique, devant les pyramides aztèques et vous envoyez une carte des pyramides d’Egypte… En général l’effet est garanti. Le problème c’est que l’effet peut aussi être garanti à la poste locale et que votre carte n’arrive jamais ! Cette petite blague peut être moins bien perçue par les destinataires si le lendemain de votre départ, on annonce aux infos le détournement d’un vol sur votre destination…

Très attaché

Vous souhaitez montrer à votre cher correspondant que vous êtes vraiment très attaché à lui : EcrivezvotretexteencontinusanslaisseraucunespaceentrelesmotsCestsimple

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quelquesvoyellesenplusetvousaurezunmagnifiquemessagedeportablequinauraplusquuneseulepetitebrique !

 

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