Ce que nous disent...
Voici le contenu d'une présentation que j'ai réalisée en novembre 2018 dans le cadre des "mini-conf' de l'Allliance" à l'Alliance Française de Toulouse.
Un très grand merci à la Fondation Alliance Française pour leur invitation ainsi qu'aux représentantes de la Fondation de Toulouse et en particulier à Nathalie Spanghéro-Gaillard.
Ce que nous disent les cartes…
Bonjour et bienvenue sur cette petite introduction à l’univers de la cartographie que j’ai appelé « Ce que nous disent les cartes ». Nous aurions pu passer une journée entière sur cet incroyable univers dont je ne vais hélas vous exposer que quelques aspects à travers quelques images. Pour ma part, je travaille essentiellement à faire découvrir au public, qu’il soit étudiant à l’université ou jeune collégien cette science, cet art de la cartographie, qui, je l’espère va vous passionner autant que moi. Je ne vais m’attarder que sur quatre aspects de la carte :
- son poids dans l’histoire,
- dans la perception du monde,
- mais aussi son pouvoir de communication,
- pour finir par son rôle dans l’imaginaire.
Plutôt que de « faire un cours » ou une véritable conférence, je vais essayer de vous raconter quelques petites histoires à travers les exemples choisis et surtout essayer de vous donner à voir…
Avant-propos : Rappelez-vous !
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, pour vous, les cartes, ça évoque quoi ? Souvenir de bancs d’école ? Voyage ? Plaisir ou corvée ?... Quelques remarques, souvenirs à faire partager ? Avez-vous une mappemonde chez vous ? Un atlas ? Regardez-vous la météo à la télé ? Oui ? Alors, tous les jours, vous regardez une carte !
Introduction : Partout…
La plupart des gens pensent que les cartes sont juste des outils pour se repérer ou représenter tout ou partie du monde. Elles sont là, dans notre quotidien, sous forme de poster sur les murs de nos écoles, dans nos fonds d’écran, sur les GPS de nos Smartphones, voir même sous forme de bijou ou de tatouage, et bien peu se questionnent sur leur origine, leur histoire et ce qu’elles expriment. Or, la carte est partie intégrante de la Géographie. Pas de représentation de l’espace sans conception de l’espace et sous forme de boutade, nous pourrions dire « sans Géographie, sans cartographie, vous n’êtes nulle part ! ». En d’autres termes si je veux comprendre un milieu, il va falloir que je le nomme et que je le dessine d’une manière ou d’une autre et cela s’appelle cartographier ! Étymologiquement, le mot carte vient du grec Kartès, une feuille de papyrus et graphia, écrire. Et c’est une belle histoire. Voici quelques images, quelques mots, quelques pistes qui, je l’espère, vous feront regarder les cartes sous un nouvel angle… Sur chaque diapositive, en haut à droite, vous trouverez également une carte de « localisation » des représentations dont je parle. Essayez de garder en mémoire cette représentation du monde qui vous parait si « normale », nous en reparlerons…
1 – Les cartes : témoins de l’Histoire
L’histoire de l’Humanité et l’histoire de la cartographie sont parallèles et indissociables. Bon nombre de grands évènements ou de grands mouvements n’auraient pu avoir lieu sans l’usage de la cartographie. Les cartes sont un témoin précieux de l’Histoire de l’Humanité. Cinq exemples, cinq étapes pris à travers l’Histoire, exemples que j’aurais pu multiplier par 1000 tant les témoignages sont nombreux. Si nous avons un peu de temps à la fin de cette présentation nous pourrons y revenir…
En savoir plus :
Un magnifique travail réalisé à partir des fonds de la BNF : http://expositions.bnf.fr/cartes/
INVENTER – Le monde babylonien - Cinq siècles avant J.C.
Sans doute les premiers hommes, inventant l’art, ont également cherché à représenter le monde. Certains ont cru déceler des premières cartes dans certaines gravures rupestres, mais disons qu’on a coutume de faire remonter la première vraie carte, il y a un peu plus de 2500 ans, à la représentation de Babylone. L’homme invente l’agriculture, l’écriture, invente la ville et, d’une certaine manière, la civilisation. Il invente alors aussi la cartographie et déjà, considère qu’il est au centre du monde ! Et cette façon de se placer au centre va perdurer jusqu’à aujourd’hui !
En savoir plus :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Carte_babylonienne_du_monde
CALCULER – La carte de Ptolémée - 150
Les grecs s’emparent de la cartographie, explorent la Méditerranée, calculent et c’est l’astronome (on s’intéresse d’abord au ciel, avant la terre !!) grec Ptolémée, qui, vers 150 va réaliser cette incroyable carte du monde connu dans un véritable manuel de Géographie, sans doute le premier ! Il sait très bien que la terre est ronde, trois siècles plus tôt, un autre astronome grec Eratosthène avait déjà calculé la circonférence de la terre, ne se trompant que d’à peine 1,5% par rapport à la réalité ! Au passage, on lui doit aussi le mot « géographie » !
En savoir plus :
Comment Ératosthène a-t-il mesuré la circonférence de la Terre ? – « C'est pas sorcier »: https://www.youtube.com/watch?v=ZvnQoONgYZg
S’ORIENTER – la carte en TO - 629
Les travaux des grecs tombent dans l’oubli, l’Occident s’assombrit, se referme sur lui-même. La cartographie n’est plus à l’ordre du jour, la religion est partout et la représentation du monde, en partie dictée par des érudits religieux, comme ici Isidore de Séville en 629, se referme sur des simplifications, des symboles. La sainte trinité se retrouve jusque dans les cartes : 3 continents séparés par la Méditerranée et le Nil et entourés d’une mer formant un T dans un O. Le centre du monde est Jérusalem et on se tourne vers l’Orient pas encore vers le Nord. Nous en aurons gardé un mot ô combien symbolique : le verbe « orienter », se tourner vers l’Orient !
En savoir plus :
Jérusalem au centre du Monde : http://derrierelescartes.over-blog.com/article-13879927.html
REPRESENTER – La carte d’Idrisi - 1154
Cinq cents ans plus tard ce sont les savants arabes qui vont relancer la cartographie, reprenant les travaux du grec Ptolémée et qui cherchent cette fois à réellement poser les bases des modes de représentation du Monde de manière fiable et calculée. Le commerce autour de la Méditerranée est florissant, les comptoirs se multiplient jusqu’aux rives de Madagascar, mieux vaut pour les navires avoir les « bonnes » cartes... Le cartographe le plus connu est Al Idrissi, géographe, explorateur, botaniste, médecin, qui dresse une carte du monde orienté au Sud. Le centre du Monde, cette fois, c’est la Péninsule arabique… la Mecque ! Et le monde s’agrandit : les sources du Nil sont « supposées », le Sri Lanka est dessiné… Mais que peut-il bien y avoir vers le couchant, le Maghreb ?
En savoir plus :
L’Europe dans la cartographie arabe médiévale : https://journals.openedition.org/belgeo/8801
COMMERCER – Planisphère de Cantino - 1502
Après les marchands arabes, c’est au tour des italiens, des portugais, des espagnols de conquérir les mers, pas pour y dresser les cartes ou pour coloniser, mais bien pour faire commerce. Et au XVeme siècle ça n’est pas l’or qu’on cherche, mais bien les épices : la cannelle, le poivre, la girofle, sources de profits faramineux. Le pétrole de la Renaissance ! Colomb a découvert l’Amérique au nom de la couronne d’Espagne, pour tenter de contrer par l’Ouest ce que les portugais développaient par l’Est. Et la carte devient le meilleur outil pour se partager le monde. En 1502, le planisphère de Cantino est publié, représentant les terres connues des européens, depuis les Antilles jusqu’en Mer de Chine, mais surtout il indique le méridien du traité de Tordesillas signé en 1494 entre l’Espagne et le Portugal. Tout ce qui est à l’Ouest sera espagnol, tout ce qui est à l’Est portugais. Et voilà pourquoi, aujourd’hui encore, on parle portugais seulement au Brésil sur tout le continent sud-américain ! Je vais conclure ce premier chapitre sur l’histoire des cartes sur cette fin du XVe et début du XVIe siècle pour 4 évènements essentiels pour le monde :
- 1492 : Colomb a découvert l’Amérique grâce aux progrès de la cartographie
- 1494 : Les portugais et les espagnols se partagent le monde, pour la première fois « sur le papier »
- 1522 : L’expédition Magellan boucle le premier tour du globe. Le monde est fini !
- 1569 : Mercator impose au monde un système cartographique qui perdure encore.
C’est la Renaissance, le début de l’expansion de la toute-puissance de l’Occident, qui va durer 500 ans, y compris dans la cartographie. Alors, attachons-nous maintenant à l’ailleurs…
En savoir plus :
Le traité de Tordesillas : https://www.herodote.net/7_juin_1494-evenement-14940607.php
2 – Les cartes : images de la perception du monde
On pense trop souvent que la carte est née en Europe et qu’elle s’est universellement imposée comme le seul mode de représentation de l’espace. Effectivement, aujourd’hui, ce sont les mêmes modèles de représentation que chacun a dans son Smartphone, calé sur les satellites et les technologies qui nous gouvernent. Mais l’usage et le développement de la cartographie, ou tout au moins de formes proches, comme nous allons le voir dans les exemples suivants, correspondent également à la manière dont les peuples perçoivent et utilisent leur espace de vie. Chaque peuple, chaque civilisation a toujours tendance à se représenter au centre, mais les religions, les usages, les milieux et mêmes les matériaux à disposition vont influer sur les représentations. En voici 4 exemples assez étonnants…
ORGANISER – Carte Tchouktche – 1860
Voici une carte réalisée sur une peau de phoque, vers 1860 par un artiste de l’ethnie Tchoutkche, un peuple sibérien vivant à l’extrême nord-est de la Russie. Cette carte représente le détroit de Béring, c’est donc une représentation géographique, mais c’est aussi un calendrier : En effet, les dessins qui parsèment cette fresque correspondent aux différentes activités au cours de l’année. Le monde Tchouktche s’organise spatialement et temporellement sur cette représentation. Pas d’orientation, la carte est « tournée » en fonction des activités !
En savoir plus :
http://objects.prm.ox.ac.uk/pages/PRMUID26166.html
NAVIGUER – Carte en bâtonnets – 1950
Autre exemple de représentation de la « perception du monde » les cartes réalisées par les polynésiens de l’archipel des îles Marshall dans le Pacifique Ouest. Ce sont des cartes qui représentent les différentes îles et atolls mais surtout les courants et les vagues portantes permettent de s’orienter sur la mer, d’île en île. Les navigateurs se repéraient en fonction des vagues directes mais également « réfractées » à l’approche des îles. C’est un système de cartographie unique qui s’appuyant sur une parfaite connaissance des océans, qui a servi probablement depuis le XVIe siècle et jusque dans les années 1950. Un prodige d’adaptation technique par rapport au milieu !
En savoir plus :
http://www.navigare-necesse-est.ch/files/1510934113-82-carte-nautique-ou-meddo-893.pdf
SYMBOLISER – Toas aborigènes – 1904
Voici une technique « cartographique » très originale qui a été développée vers la fin du XIXe et au tout début du XXe siècle, dans la partie sud-ouest de l’Australie, par une ethnie aborigène. C’est ce qu’on appelle des toas. Et plus de 800 ont été découverts ! La technique de représentation de l’espace est symbolisée par des bâtons sculptés et peints, plantés en terre dans des lieux précis et indiquant un « chemin » à parcourir pour rejoindre un lieu, mêlant conditions topographiques réelles et représentations mystiques liées au Temps du Rêve. « Pour rejoindre le lac des pélicans, il faut traverser un premier rideau d’arbres, puis passer une colline et traverser à nouveau un rideau d’arbres pour atteindre le lac… » Ces perceptions de l’espace sont étroitement mêlées aux croyances et coutumes liées au « Temps des rêves » de la culture aborigène. Et s’il ne s’agit pas vraiment d’une « carte », il s’agit bien d’un système d’indication des directions à prendre ! Le GPS du Temps des rêves !
En savoir plus :
https://detoursdesmondes.typepad.com/dtours_des_mondes/2008/03/toas-australie.html
TOUCHER – Carte tactile inuit – 1870
Voici l’exemple d’adaptation de la cartographie en fonction des conditions environnementales probablement le plus spectaculaire ! Les Inuits vivants sur la côte sud-est du Groenland ont mis au point de petites cartes tactiles, découpées dans des morceaux de bois ou des os de baleine et qu’ils glissent dans leurs gants en navigant en canoë. C’est la « sensation » de la forme de l’objet qui indique à l’esquimau comment va être la morphologie de la côte au cours de son périple. Pas besoin de papier, trop fragile, pas besoin d’enlever les gants, pas de problème si ça tombe à l’eau, et même pas besoin de lumière dans un pays où il fait nuit 3 mois par an !
En savoir plus :
http://nuukmarluk.weebly.com/blog/inuit-cartography
MULTIPLIER
Ainsi les hommes, presque partout dans le monde vont développer des formes de cartographies liées à leur perception de l’espace dans lequel ils évoluent. J’aurais pu vous parler des cartes chinoises, coréennes, des religions Jaïn ou Maya, des cartes de décision jalousement gardées par les chefs des royaumes africains… À chaque civilisation ou presque correspond une représentation du monde et si, désormais, nous avons tous choisi le même type de représentation, comme nous avons tous ou presque adopté le mètre ou la seconde, sachez que la cartographie originelle est presque aussi riche que la diversité de l’art ou des langues…
3 – Les cartes : Une arme géopolitique
Troisième aspect de la cartographie que je souhaitais aborder avec vous : Montrer qu’une carte n’est jamais anodine, qu’elle peut être un outil de communication volontairement orienté, au même titre qu’un discours ou qu’une photo, et parfois, bien plus… Une carte est une vérité, peut-être pas LA vérité, et elle peut être une arme ! Ici encore, en voici quelques exemples historiques mais aussi actuel, certains évidents, d’autres beaucoup plus pernicieux…
GLORIFIER – Carte Leo Belgicus – 1617
On retrouve un très belle exemple d’association cartographie / dessin / symbolique à travers cette carte « Leo Belgicus » de 1617 où l’auteur a voulu associer l’animal emblème de la Belgique et des Pays-Bas - le lion - et la forme des pays. C’est une représentation qui cherche à glorifier cette région et surtout à montrer qu’il existe une cohérence évidente entre territoire et symbole de ce territoire. On justifie (artificiellement) des frontières par une symbolique visuelle adaptée !
En savoir plus :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lion_belgique
FALSIFIER – Carte de Liu Gang – 1763
Autre exemple du pouvoir d’une carte, la fameuse carte dite de Liu Gang qui a circulé longtemps et circule encore sur l’Internet et qui tendrait à prouver que la Chine aurait arpenté le monde et découvert notamment l’Amérique bien avant les européens, la date donnée pour la carte étant de 1418. Bien sûr, c’est un faux, réalisé en 1763 et qui a été réalisé par Mo Yi Tong pour le compte de la propagande chinoise mais aujourd’hui encore cette carte est savamment distillée sur les réseaux pour faire « naitre le doute » ! Les fake news de la cartographie…
En savoir plus :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypoth%C3%A8se_de_la_circumnavigation_chinoise
INFLUENCER – Carte du parti communiste français – 1951
Nous abordons ici une technique très intéressante de l’exagération cartographique, celle d’une utilisation spécifique de la « sémiologie graphique », c’est-à-dire du sens qu’on va chercher à donner aux dessins et symboles utilisés. Ici, fond noir pour mettre en place un côté dramatique et utilisation de flèches quasi agressives et multiples donnant presque une impression de lancements de missiles ! Une telle représentation est clairement une prise de position anti-américaine ! Et tous les mouvements, les partis, toutes les opinions, depuis les visées coloniales, aux propagandes nazies ont joué à ce jeu dangereux de la carte volontairement orientée pour influencer les lecteurs ! « Le poids des mots, le choc des cartos ! » Quand vous regardez une carte, pensez à regarder sa… source !
En savoir plus :
Cartographie de propagande : https://neocarto.hypotheses.org/3118
IMPOSER – Les différents types de projection
Quand nous faisons des cours de cartographie, c’est souvent par-là que nous commençons : la terre est ronde (enfin à peu près !) et la représenter à plat est donc forcément… faux ! Et depuis Mercator en 1569, la quasi-totalité de la planète a adopté un système de représentation de la terre, centrée sur l’Europe et avec une projection qui écrase les parties proches de l’équateur. En d’autres termes, nous avons pris l’habitude de voir l’Afrique beaucoup plus petite qu’elle n’est, l’Australie à l’autre bout du monde et l’Antarctique sous forme d’une bande !!! L’Afrique est en réalité 14 fois plus grande que le Groenland !!!! Et c’est peut-être la plus belle arme géopolitique qu’a développé la vieille Europe au XVIe siècle : avoir su, par la simple projection cartographique, imposer au monde l’idée qu’elle en était au cœur ! Si nous regardons ici la projection de Peters (1855), elle aussi fausse, puisque en 2 dimensions, nous avons quand même une image de la taille des continents beaucoup plus proche de la vérité. Il existe des centaines de mode de projection et de calcul du passage de la sphère à la représentation deux dimensions, et toutes, ou presque révèlent d’une intention. Par exemple, la projection de Fuller, en 1946 tendait à montrer que les continents ne formaient en réalité qu’un seul et unique archipel, une seule et unique humanité ! C’est une belle idée n’est-ce pas ? La carte aussi peut suggérer de grands messages !
En savoir plus :
Comparez tous les types de projection : https://map-projections.net/imglist.php
En conclusion, ou presque, les cartes ne sont-elles pas d’abord un formidable support pour l’ailleurs, le rêve, l’imaginaire… Vouloir voir une carte n’est-ce pas vouloir parcourir, découvrir un lieu inconnu ? C’est le quatrième et dernier aspect de la cartographie que j’aurais voulu aborder avec vous, et, ici encore, c’est un champ d’exploration quasi infini : les cartes de l’imaginaire.
FANTASMER – Carta Marina 1539
La carte, par définition, est un support graphique et donc, de fait, est un excellent outil pour donner libre cours au dessin, à la peinture. Sur les premières cartes marines par exemple, on trouve nombre de dessins de bateaux, de sirènes, d’animaux fantastiques bien souvent pour simplement « combler » les grandes zones bleues. Parfois le message est religieux, fait appel aux croyances populaires, aux légendes rapportées, comme ici les différents animaux marins qui peuplent la carte dite Carta Marina, d’Olaus Magnus, premier évêque de Suède, qui, exilé à Venise, réalise en 1539 cette magnifique carte des pays de l’Europe du nord, de la Mer Baltique et même de l’Islande. D’après certains historiens, ces créatures seraient aussi des caricatures de certaines personnes avec lesquelles Olaus Magnus aurait voulu régler ses comptes après son départ forcé de Suède…
En savoir plus :
https://journals.openedition.org/belgeo/7677
RÉDIGER – L’île au trésor - 1885
Et toujours cette connivence, cette ingérence, cette interférence entre géographie, cartographie, littérature, imaginaire… Les écrivains s’emparent de la cartographie, et comment imaginer des récits, des aventures, des voyages, sans imaginer les cartes qui vont avec ? Savez-vous que la carte de l’île mystérieuse a été réalisée de la main même de Robert Stevenson pour son roman ? L’île mystérieuse, de la main de Jules Verne et même les Terres du Milieu de la main de Tolkien ! Et de nombreux auteurs littéraires appuient leurs œuvres sur des cartes, imaginaires ou transposées : Jules Verne bien sûr, mais aussi Daniel Defoe l’auteur de Robinson Crusoé. D’autres imaginent les allégories cartographiques comme la carte du tendre, pays imaginaire décrivant les différentes étapes de la vie amoureuse sous forme de villages, de chemins, de montagnes… que l’on retrouve dans le roman Clélie de Madeleine de Scudéry en 1654. À chaque pays de fiction, sa carte de fiction : Neverland, Lilliput, Utopie, Narnia, Atlantis et même Westeros…
En savoir plus :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_pays_de_fiction
RÊVER
La cartographie a plus de 2 000 ans, peut-être plus de 10 000 si l’on en croit les dernières découvertes archéologiques mais elle est loin d’être une science dépassée. On parle aujourd’hui de SIG, système d’information géographique, de GPS, d’images satellites. Tout ça semble bien froid au regard de l’exactitude des calculateurs numériques… et pourtant dessiner l’espace n’a jamais été aussi moderne. Lisez la saga des maîtres cartographes en bandes dessinées, regardez l’incroyable carte pensée par Georges Lucas pour la Guerre des Étoiles, allez jeter un œil sur ce site américain de la « guilde des cartographes », ces joyeux fous qui imaginent et cartographient les mondes de demain et vous verrez que la carte ne nous a jamais autant fait rêver ! D’ailleurs, si demain vous rêvez de partir, de voir, de découvrir, de visiter… quelle est la première chose que vous allez chercher Une carte bien sûr !
En savoir plus :
Le site de Deviant Art (recherche « map »)
Merci
Il me reste à vous remercier pour m’avoir écouté. J’espère vous avoir donné envie d’aller fouiller les vieux atlas et de rêver sur la mappemonde…Elle en vaut la peine ! Mes expositions pour voir d’autres cartes… (panneaux téléchargeables en pdf) :
- « La cartographie : une science et tout un art ! »
- « Fac-similés »
- « Géographie insolite et insolente »
Plus loin…
Vous voulez en savoir plus ? Il existe des centaines de références sur l’histoire et l’usage de la cartographie (les « beaux » livres de cartographie sont très à la mode !). Voici une sélection de quelques livres grand-public particulièrement réussis :
- « Cartes. Explorer le monde » – John Hessler - Chez PHAIDON – 2015 – 352 p.
- « La grande aventure de la Cartographie » – Beau Riffenburggh – Au National Géographic – 2011 – coffret 96 p. avec fac-similés
- « Cartes d’exception. 3500 ans de représentations du monde » – Jerry Brotton – GEO – 2014 – 255 p.
- « Cartes. Chroniques du monde connu » – Anne Rooney – Chronique Éditions – 2017 – 192 p.
- « Cartes anciennes. Un voyage à travers le temps » – Kevin J. Brown – Glénat – 2017 – 207 p.
Je recommande aussi vivement la série des « Atlas poétiques » chez Arthaud, qui allie remarquablement cartes (quelque peu exotiques, mais très artistiques !) et histoires assez invraisemblables et passionnantes :
https://www.arthaud.fr/Actualites/Atlas-poetiques