De la photographie aérienne à la carte
Montage et cartographie de photographies aériennes en 6 étapes
Pour pouvoir identifier et interpréter géographiquement correctement un espace au sol par photographies aériennes, il est nécessaire de travailler avec un "couple", c'est-à-dire 2 photographies qui se suivent (et se recouvrent en partie) sur une mission aérienne et d'utiliser un stéréoscope de poche (à défaut de pouvoir travailler avec un stéréoscopie à miroir). C'est un exercice de base en Géographie, mais encore faut-il respecter certaines étapes, et, à l'heure de la cartographie assistée et des interprétations automatiques sur images numériques, il n'est peut-être pas inutile de rappeler quelques méthodes manuelles simples...
Voici très précisemment détaillé les différentes étapes pour réaliser un montage stéréoscopique de photographies aériennes et leur interprétation sous stéréoscope.
ETAPE 1
On commence par choisir un des deux clichés que l'on va fixer sur le côté opposé au montage (avec du ruban adhésif de type de ceux utilisés pour les raccords de peinture - c'est-à-dire des rubans en papier facilement repositionnable afin de ne pas déchirer les photos).
On va ensuite déterminer les zones de recouvrement, c'est-à-dire les points extrèmes de la droite de la photo de gauche sur la photo de droite et les points extrèmes de la gauche de la photo de droite sur la photo de gauche. On obtient une zone de recouvrement de 40 à 60 % des clichés, ce seront ces zones qu'on pourra visualiser en stéréo. On peut tracer ces espaces avec un feutre effaçable.
On va ensuite déplacer le cliché non fixé vers le cliché fixé horizontalement, verticalement et en rotation jusqu'à ce que le même objet distingué sur les 2 photos soit espacé sur chaque cliché d'environ 6 à 7 cm (et non pas qu'il se recouvre). Le principe est qu'un élément identifié sur une image (un clocher d'église, un bâtiment, un croisement...) se retrouve au final sous un oeil sur une image et sous l'autre oeil sur l'autre image (l'écartement oculaire étant en général de 6 à 7 cm). C'est cet effet qui créera la stéréoscopie.
ETAPE 2
On positionne le stéréoscope "à cheval" sur les deux clichés et on vérifie la vue stéréo en repositionnant légèrement le cliché non fixé. Attention, c'est très précis, la stéréoscopie doit littéralement "vous sauter aux yeux" ! Une petite astuce consiste à cligner alternativement chaque oeil. Tant que l'objet regardé se déplace, le couple photo n'est pas en stéréo. Une fois la stéréo obtenue sur la partie haute, on fixe le deuxième cliché et haut, puis on fait descendre le stéréoscope le long de la séparation entre les deux images. On vérifie la stéréoscopie jusqu'en bas puis on fixe le cliché en bas. Enfin, on fixe les 4 côtés du cliché superposé.
On positionne un transparent (et surtout pas un calque) sur la zone à interpréter et on ne le fixe qu'en haut.
ETAPE 3
On peut alors commencer à interpréter et à dessiner les différents éléments visibles en stéréo sur un côté du montage avec des feutres de couleur permanents type STAEDTLER - LUMOCOLOR. Attention, quand on dessine sous stéréoscope, on ne voit qu'une seule image, il faut donc bien veiller à dessiner toujours du même côté.
ETAPE 4
L'étape suivante consiste à passer la photo qui était dessous, dessus. On n'enlève pas le ruban adhésif des extrèmes, on soulève le transparent (uniquement fixé par le haut) et on inverse la superposition des images. On peut alors interpréter et dessiner l'autre partie en déplaçant le stéréoscopie le long de la nouvelle césure entre les clichés.
ETAPE 5
Parfois il y a une partie "centrale" non interprétable en stéréo, auquel cas on l'interprète en mono pour compléter le croquis. On peut également utiliser une troisième image.
ETAPE 6
L'interprétation est terminée. Il reste maintenant à réaliser une carte "propre". On a donc créé un document initial sur transparent, plutôt "sale". On va reporter les contours (et uniquement) sur un papier calque de manière très précise et soignée. On va ensuite faire une photocopie (ou un scan) de ce calque pour obtenir un document sur papier et c'est sur ce papier qu'on placera les couleurs. Pourquoi ces 3 étapes ? Simplement parce qu'il est très difficile de faire des plages de couleurs propres que ce soit aux feutres ou aux crayons sur un transparent plastifié ou sur un calque.
C'est une interprétation, mais ce n'est encore une carte. Pour finaliser véritablement le travail il faut impérativement ajouter les éléments indispensables : la légende, le titre, l'orientation, l'échelle et la source.