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...Chez Francky

Carto imaginaire

Diapositive1

Dans le cadre d'une petite conférence au Lycée Fermat de Toulouse le 11 décembre 2019, j'ai eu l'occasion de parler aux "Khâgnes" (première année de Lettres Sup) de ma passion pour les cartes de l'imaginaire. En voici les images et les textes ainsi que quelques informations comlplémentaires notamment bibliographiques et sitologique...

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1 - Bonjour et bienvenue dans cette petite présentation : Imaginaire dans la Cartographie et cartographie dans l’imaginaire. Ce que je souhaite aborder avec vous dans les quelques images qui vont suivre c’est le formidable champ artistique et littéraire que constitue la cartographie. Beaucoup pensent que la cartographie est une science ou une technique essentiellement axée sur la géométrie et dont l’unique objectif est la représentation la plus exacte possible de la surface terrestre. Or, écrire la Terre c’est aussi et surtout s’inventer le monde réel ou fictif sous forme de dessins, de signes, de pistes, d’histoires. C’est ce chemin que je vais aborder avec vous à travers quelques exemples, quand l’imaginaire s’immisce dans la carte d’une part et quand les mondes inventés s’appuient sur leurs représentations cartographiques d’autre part. De Platon à Game of Thrones en quelque sorte ! Nous n’aurons pas le temps d’aborder toutes les facettes de cette thématique tant le sujet est vaste. Je vous indiquerai quelques ouvrages en fin de présentation si vous voulez aller plus loin. Alors plutôt que vous donner à lire, et comme la cartographie fait essentiellement appel au visuel, je vais vous donner à voir !

Diapositive2   2 - Mon exposé va s’organiser en 6 parties mais véritablement 4 chapitres, 4 orientations :

  • Penser et dessiner le monde : Une rapide introduction sur la cosmogonie, quasi hors sujet ici.
  • Inventer ce qu’on ne sait pas encore : À travers quelques exemples, une mise en parallèle entre découvertes scientifiques, explorations et imaginaire cartographique, l’un et l’autre étant étroitement mêlés. Ou s’arrête la vérité et où commence l’imaginaire ?
  • Préciser l’imaginaire : Où je vais aborder une cartographie qui n’est plus seulement la recherche d’une représentation de la surface terrestre mais également un appui technique pour argumenter un message scientifique, théologique, patriotique ou même romantique.
  • Donner vie par les cartes : Ce chapitre est le point central de mon propos : les cartes sont un excellent outil pour asseoir un récit de fiction, d’imaginaire, allant même jusqu’à devenir le cœur du récit. Nous en verrons quelques piliers célèbres.
  • C’est loin d’être fini : Bien loin d’être une science ou une technique du passé, la cartographie de l’imaginaire est plus que jamais d’actualité. La richesse de la cartographie de l’imaginaire ne cesse de croitre avec les nouveaux outils et nouveau médias !
  • Des livres pour rêver : Enfin, en guise de conclusion, quelques références bibliographiques, avec, ici encore une foultitude de publications récentes.

Diapositive3   3 - PENSER ET DESSINER LE MONDE

Pas question pour moi de vous faire un cours sur l’histoire de la cartographie, mais dans ce premier chapitre, je voudrais attirer votre attention sur le fait que l’imaginaire s’est très tôt glissé dans les représentations cartographiques y compris si l’on élargit un peu de le champ de la discipline à la cosmogonie, c’est-à-dire à la conception même de la construction du monde et de l’univers. De fait, bien avant les tentatives grecques de rationalisation mathématique et scientifique du globe terrestre, c’est le monde de l’imagination et du mysticisme religieux qui gouverne les représentations. Pour rappel : Une cosmogonie est un récit mythologique qui décrit ou explique la formation du Monde. Elle se distingue de la cosmologie, qui est la « science des lois générales par lesquelles le monde physique est gouverné ». L’une est une fiction, l’autre est une science. A ce propos, un très joli bouquin : mondes, mythes et images de l’univers, écrit par Leïla Hadad et remarquablement illustré par Guillaume Duprat qui, sous forme de dessins/cartes, essayant de donner un visuel à parfois des concepts un peu… fumeux.

Diapositive4   4 - Peut-on parler de cartographie ici ?

Voici un exemple dans la cosmogonie nordique (qu’on va retrouver aussi chez les celtes) les représentations du monde (ou plutôt DES mondes) se rapprochant plus d’une symbolique, d’une illustration à postériori puisque jusqu’à présent on n’a pas trouvé de véritable cartographies, mis à part la symbolique de Vegvisir. Vegvisir était considéré comme un guide aidant son porteur à retrouver son chemin. Les Nordiques croyaient aux pouvoirs spéciaux de ce symbole et il était considéré comme un talisman de chance et de protection. Ce symbole puissant pouvait aider une personne à trouver le bon chemin en cas de mauvais temps ou tempête. Vegvisir vient des mots VEGUR qui signifie route ou sentier et de VISIR qui veut dire le guide. Quoi de meilleure définition pour une carte ?

Diapositive5   5 - Mélange des genres

Autre clin d’œil pour clôturer cette toute petite introduction sur la cosmogonie, l’art aborigène qui mélange « temps du rêve », réalité terrain, art… Ténue, très ténue est la frontière entre croyances : représentations cartographiques et art et on est vraiment ici au cœur de la cartographie de l’imaginaire !

Diapositive6    6 - INVENTER CE QU'ON NE SAIT PAS ENCORE

Le premier aspect de la frontière poreuse entre cartographie et imaginaire que je voulais aborder avec vous concerne les inventions cartographiques issues d’hypothèses scientifiques ou pseudo-scientifiques ou même ancrées dans la religion ou les croyances qu’il faut « dessiner », représenter, comme une preuve actée.

Diapositive7    7 - D’Antilia aux Antilles

Antillia (ou Antilia) est une île qui apparait sur presque toutes les mappemondes du XVe siècle, et dont la littérature parle depuis le VIIIe siècle. Il s’agirait d’une grande île, parfois à l’ouest des Açores, parfois plus au sud vers les Canaries habitée tantôt par des moines, tantôt par les « atlantes » parfois même, vue comme l’île de Cipango (le Japon). L’île n’a jamais existé mais elle a laissé son nom aux Antilles. La représentation la plus célèbre est celle d'Albino de Canepa en 1489. En fait, on s’aperçoit que les îles sont un modèle géographique idéal pour signifier l’inconnu, les mondes isolés, les espaces lointains, inaccessibles ou mystérieux. On verra plus loin quelques exemples insulaires imaginaires célèbres dans la littérature classique. Mais les îles fantômes sont un régal pour le cartographe « imaginatif », Wikipédia recense plus d’une cinquantaine fantômes.

Diapositive8    8 - Hic Sunt Dracones

Il était écrit sur certaines cartes médiévales  l’expression « HIC SVNT DRACONES » ou carrément dessinés des dragons ou des serpents de mer pour désigner les territoires encore inconnus et forcément dangereux. Une autre expression, utilisée notamment par les cartographes romains était « hic sunt leones » : ici sont des lions. Mais l’expression apparaissant sur la partie asiatique de ce globe pourrait également être une référence aux fameux dragons de Komodo voir pour récemment certains chercheurs une référence à une ethnie indonésienne aujourd’hui disparue. Ici, c’est sur le « globe de Lenox », globe en cuivre creux gravé de 1510 dont l’auteur est inconnu

Diapositive9    9 - Peupler les cartes

Un « jeu » déjà répandu au Moyen-Âge mais qui devient flamboyant au XVIe et XVIIe siècle consiste à dessiner sur les cartes toutes sortes de monstres plus ou moins inventés, interprétés, imaginés par le dessinateur/cartographe. Pourquoi ? D’abord pour en quelque sorte remplir les vastes zones blanches ou bleues des représentations, ensuite pour symboliser l’inconnu, la peur de régions inexplorées ou difficiles, parfois même pour développer un véritable don artistique comme dans la Carta Marina d’Olaus Magnus de 1539. Les échos des marins ayant aperçu une baleine loin en mer vers l’ouest ou le nord sont relayés de port en port jusqu’aux oreilles des cartographes qui laissent alors voguer leur imagination. Fake news et rumeurs ne datent pas d’hier !

Diapositive10    10 - Il faut bien que l’aiguille s’oriente !

Autre appui logique de la représentation cartographique sur une pseudo science ou le vécu : l’intime conviction que pour que l’aiguille de la boussole suive toujours la même direction, sachant qu’elle réagit au métal, il y a forcément au pôle nord une énorme masse de métal, une île plus exactement, entourée par un continent fictif. Mercator lui-même la représentera en 1595. Et tout se mélange : bases scientifiques ou techniques, lointains témoignages, imagination débordante de l’auteur…

Diapositive11    11 - Inventer l’Antarctique

Parfois science et imaginaire se rejoignent presque logiquement. Les grecs anciens (notamment Aristote) postulaient du fait que pour l’équilibre du globe, il y  avait forcément une énorme masse terrestre vers le pôle sud pour, en quelque sorte, compenser le poids des continents connus au nord (sinon, logiquement, la sphère terrestre basculerait !). Ainsi naquit la terra australis qu’on retrouve sur toutes les mappemondes  de manière plus ou moins détaillée, justes esquissées ou, comme ici dans la carte d’Oronce Fine, en 1531, parfaitement détaillée. Les navigateurs occidentaux passeront officiellement la pointe sud de l’Afrique en 1498 (avec Vasco de Gama) et le Cap Horn qu’à la fin du XVIe siècle. Mais le continent Antarctique ne sera véritablement découvert qu’en 1820 !

Diapositive12    12 - Kong

Un dernier exemple plus récent : Afin d’expliquer la forme du fleuve Niger, l’explorateur Mungo Park mentionna en 1798 la découverte d’une chaîne de montagnes autour de 10° de latitude nord en Arique occidentale. Toutes les cartographies vont reprendre cette hypothèse d’une chaine montagneuse, la prolongeant même jusqu’en actuelle Éthiopie, « coupant » l’Afrique en deux. Ce n’est qu’en 1888 qu’on s’est aperçu que la chaîne de montagne de Kong n’avaient jamais existé  ! Kong est une ville du nord de la Côte d’Ivoire, mais, en 1933, lorsque Merian C. Cooper racontera l’histoire de son gorille géant, il choisira le nom de Kong, en hommage aux mystérieux monts de Kong !

Diapositive13    13 - PRÉCISER L'IMAGINAIRE

Abordons maintenant une autre catégorie, dans laquelle on pourrait placer des cartes sérieuses et finement élaborées mais dont l’origine, le sujet central est quelque peu hypothétique, mystique, voire carrément délirant. La carte devient en quelque sorte une preuve visuelle !

Diapositive14    14 - Atlantis

L’Atlantide est une île immense mythique qui apparaît pour la première fois dans les écrits de Platon (vers 400 avant J.-C.) et qui finit engloutie par les eaux. Le mythe a donné naissance à d’innombrables interprétations, puisant probablement une partie de son histoire dans des faits réels. Mais à ce jour, on a trouvé plus d’Atlantide dans les livres et films de Science-Fiction que sous la surface des océans ! À noter : Ce qui est assez étrange ici dans cette carte de Kircher en 1678, c’est que l’Atlantide apparait à l’est de l’Afrique, mais à l’ouest de l’Amérique …. Savez-vous pourquoi ? Tout simplement parce que Kircher oriente sa carte vers le sud ! Si vous retournez la carte, on a bien l’Afrique à droite et l’Amérique à gauche !!!

Diapositive15    15 - C’est l’enfer !

En 1540, Lorenzo de Medicis passe commande d’un manuscrit enluminé de la Divine Comédie (poème de Dante Alighieri écrit en 1303). L’œuvre est illustrée par 92 dessins de Botticelli. Il dessine une carte détaillée des 9 cercles de l’Enfer à la pointe d’argent sur un feuillet de 33 par 47 cm. Quand à Abraham Ortelius, lui, il va carrément localiser l’entrée de l’enfer, sous le volcan Hekla est un des volcans les plus connus d’Islande, notamment parce qu’il est l’un des plus actifs (20 éruptions depuis l’an 874 !).  Une très forte éruption en 1104 a naturellement contribué à la légende que l’Hekla serait la bouche d’entrée de l’Enfer. Toutes les cartes du Moyen-Âge et de la Renaissance ont reporté cette particularité. C’est une caractéristique qu’on va retrouver tout au long de l’histoire de la cartographie : une erreur ou une nouveauté venant d’un atelier de cartographie « renommé » ne sera pas remis en cause et au contraire, recopié allègrement.

Diapositive16    16 - Un peu de science

S’appuyant toujours sur des convictions plus que sur de véritables démarches scientifiques, on va également retrouver les cartes d’Athanasius Kircher (1602-1680 - prêtre jésuite allemand, encyclopédiste), qui va imaginer le fonctionnement interne de la planète avec notamment l’idée que les volcans sont reliés entre eux (mais aussi les lacs du monde !!) et donc tout naturellement, il va dessiner ce fonctionnement en cartographiant l’intérieur du globe. C’est révolutionnaire, puisqu’à l’époque on pense encore que dessous, ce sont les enfers !

Diapositive17    17 - Quand la religion s’en mêle !

Justement, parlons-en de la religion ! À partir de la renaissance de la cartographie occidentale vers la fin du XIIIe siècle, sous l’impulsion notamment des cartographes arabes, il ne faut pas oublier que le savoir, l’érudition, les techniques de transmission de la connaissance sont entre les mains des religieux. Moines copistes, prêtres voyageurs…et surtout érudits jésuites. Donc, il y a forcément une part de religion dans les représentations terrestres. Ici, par exemple, Richard Blome (graveur et cartographe anglais – 1635-1705), pourtant non issu d’une congrégation religieuse, n’hésite pas à localiser et à représenter très finement le Paradis terrestre. Et c’est à prendre au sens premier : pour lui, le paradis est « réellement » quelque part du côté de l’actuel Irak ! La carte le prouve !

Diapositive18    18 - Allégorie

Nous ne sommes plus ici dans le domaine de la religion, mais le principe est presque le même : donner vie et existence par la carte. Quand Thomas More écrit son livre l’Utopie en 1516, il imagine une île, allégorie d’une société parfaite par opposition à la société anglaise de l’époque. Quelques années plus tard Abraham Ortelius, très célèbre cartographe et géographe dessinera avec moult détails la topographie de l’île d’Utopie. Et pourtant « utopie » signifie « en aucun lieu » !!!

Diapositive19    19 - Exacerber

Voici une technique cartographique faisant naturellement appel à l’imaginaire, mais à des fins très politiques. En 1609, Visscher, dessinateur, graveur néerlandais reprend la figure emblématique des 17 provinces du nord de l’Europe : leo belgicus pour l’appliquer aux frontières du pays. Message : le pays est naturellement uni, puisque si l’on dessine le contour des Pays-Bas et de la Belgique on retrouve la forme du lion ! La preuve par l’image !

Diapositive20    20 - Romantique

Continuons avec un autre exemple : Au XVIIe siècle, Madeleine de Scudery imagine dans son livre « Clélie, histoire romaine », un pays qui s’appellerait « Tendre » dont la Géographie décrivait les phases de l’amour. François Chauveau, peintre et graveur français s’essaye à sa représentation cartographique. C’est la transposition de différentes allégories en données topographiques : le lac isolé d’indifférence, et pour aller de Nouvelle-Amitié à Tendre-sur-Estime, il faut passer par le lieu de Grand-Esprit…

Diapositive21    21 - Prêcher

Si nous allons maintenant au XIXe siècle, on va encore trouver des exemples de ces cartes de l’imaginaire qui sont des allégories. Ici, par exemple, en 1838, John Christian Wiltberger, fervent activiste religieux américain qui devint pasteur en Afrique va réaliser cette carte de la tempérance, très souvent reprise dans les milieux puritains américains. La tempérance étant la modération des plaisirs en particulier vis-à-vis de l’alcool et de la nourriture, sur cette carte, il faut naviguer dangereusement entre les îles de la stupidité et de l'indulgence, à travers les pièges du Diable, au-delà des îles de la pauvreté et du meurtre, à travers le grand golfe de la misère et la mer d'angoisse dans le golfe de la perdition. Cette carte est une forme d’aide visuelle didactique . On n’est pas très loin des cartes mentales à la mode aujourd’hui…

Diapositive22    22 - Satirique

Un dernier exemple encore plus proche de nous : War Map de F.W. Rose en 1877. Ces cartes qui oscillent entre la satire et la caricature permettaient de montrer de manière humoristique les relations souvent ambiguës entre les pays. Elles étaient particulièrement utilisées en temps de guerre car elles permettent de visualiser les forces en présence facilement. Partisanes ou simplement satiriques elles sont parfois encore utilisées de nos jours…. Mais peut-être suis-je en train de m’éloigner de mon propos !

Diapositive23    23 - DONNER VIE PAR LES CARTES

Voici peut-être le cœur de mon intervention, ou tout au moins ce dont vous souhaitez qu’on parle en particulier : la cartographie de l’imaginaire, en d’autres termes l’usage de représentations cartographique pour étayer des récits imaginaires. En inventant une histoire, on invente une géographie et quoi de mieux pour donner corps à une géographie que d’en faire une carte ? Ici encore, quelques exemples très rapidement survolés, hélas !

Diapositive24    24 - L’inventeur

Mon premier exemple est peut-être le plus symbolique du genre en littérature, il s’agit de l’île au trésor de Stevenson qui, en 1883 imagine cette quête d’un trésor de pirates autour d’une carte, où, tout le roman est bâti sur cette carte. Et c’est Stevenson lui-même qui va dessiner la carte. Il invente le roman de flibustiers mais de fait, tous les jeux de pistes qui vont bercer notre enfance autour de la quête du trésor à partir d’une carte.

Diapositive25    25 - Le scientifique

Que serait Jules Verne sans ses cartes ? Tous ses ouvrages (ou presque) mettent un point d’orgue à décrire en détail la géographie des lieux. Tout naturellement, Jules Verne dessine lui-même ses cartes, même si elles sont reprises par ses illustrateurs (Jules Férat pour l’île mystérieuse) Jules Verne est un amoureux de la Géographie qui fait parler ses personnages comme des géographes. La grande interrogation de Cyrus Smith, l’un des héros de l’île Mystérieuse est « île ou continent ? » et c’est par dizaine qu’on trouvera des cartes dans les plus de 70 romans écrits par Jules Verne. Qu’ils soient réels ou fictifs pas de mondes de Jules Verne sans carte ! Pour info : un site (très sommaire !) qui recense toutes les cartes de l’œuvre de Jules Verne : http://verne.garmtdevries.nl/en/

Diapositive26    26 - Clin d’œil

Le point Nemo (d'après le capitaine Nemo, héros de Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne, du latin nemo, personne) est le pôle maritime d'inaccessibilité, c'est-à-dire le point de l'océan le plus éloigné de toute terre émergée. Le nom de « point Nemo » est également utilisé, notamment par la Presse internationale pour désigner une vaste zone du Pacifique Sud, située au large des côtes chiliennes et utilisé comme vaste cimetière de matériel astronautique pour accueillir les restes de « vaisseaux spatiaux obsolètes encore contrôlables ».

Diapositive27    27 - Le seigneur du genre

Bien sûr, impossible de parler de littérature et de cartographie imaginaire sans parler de Tolkien. Qui ne connait pas la carte des Terres du Milieu, indissociable des aventures narrées dans le Seigneur des Anneaux. J.R. Tolkien n’était pas qu’un sage professeur de littérature à Oxford, il était aussi un création exceptionnel, illustrateur, dessinateur et, de fait, cartographe…

Diapositive28    28 - Le seigneur du genre

… Et ce qui est remarquable avec Tolkien (et très bien expliqué et documenté dans l’exposition qui lui a été consacrée à la BNF) c’est que dès ses premières œuvres majeures, notamment le Hobbit, Tolkien rend réaliste ses mondes à travers ses cartes. La taille de la Conté, pays des hobbits est calé sur la taille du pas des hobbits. Tolkien dessine, reprend, affine, écrit, cartographie, ré-écrit, re-cartographie son récit en fonction du contexte topographique. Il invente une écriture elfique réaliste, il invente une cartographie tout aussi réaliste ! A LIRE : le très bel ouvrage Tolkien - Voyage en terres du Milieu

Diapositive29    29 - C'EST LOIN D'ÊTRE FINI  !

Pour conclure, on pourrait croire que désormais la cartographie et ses rapports avec l’imaginaire ont été entièrement exploré, exploité. Il n’en est rien. Avec l’avancée des technologies numériques, des réseaux sociaux, des outils de création, des médias le champ des imprégnations entre représentation de l’espace et imaginaire ne cesse de se diversifier. En voici quelques exemples.

Diapositive30    30 - Pousser l’absurde

Dans les années 1970, le journal Pilote s’essaye a publier de nouveaux auteurs, de nouveaux genres, en opposition avec les magazines de bande-dessinée « institutionnels » comme « le Journal de Mickey » ou « Spirou ». Parmi les auteurs on trouve Fred qui imagine des mondes absurdes à travers les aventures de son héros Philémon et notamment dans l’album « le naufragé du A » où il part du principe que le mot « Atlantique » sur les cartes est réellement au centre de l’Atlantique, décrivant les îles formées par les lettres !

Diapositive31    31 - Tout un monde

Toujours dans cette optique, sortent en 1996 2 ouvrages absolument remarquables de François Place, écrivain, compteur, dessinateur, qui s’appellent l’Atlas des géographes d’Orbae et qui décrit dans le détail un monde pour chaque lettre de l’alphabet. C’est beau, intelligent, poétique et ça vient d’être réédité en un seul volume. Un ouvrage superbe indispensable dans sa bibliothèque !

Diapositive32    32 - Les cartes au cœur

Toujours dans le monde de la Bande-Dessinée, citons "les maîtres cartographes", une série d’Arleston et Glaudel dans les années 1990, intéressante, mais très loin d’être la meilleure série scénarisée par Arleston. Bien plus riche en cartes imaginaires c’est bien sûr le travail de Schuiten et Peeters, toujours dans les années 1990 autour de la série des « Cités Obscures » d’une très grande richesse. Schuiten est architecte de formation, de l’architecture à la cartographie il n’y a qu’un pas… d’arpenteur !

Diapositive33    33 - Géopolitique

Impossible de citer l’usage de la cartographie de l’imaginaire sans parler de la série « Game of Thrones » qui a tenu le public en haleine pendant 8 saisons. Lorsqu’on regarde la carte des royaumes on ne peut que faire le rapprochement avec la carte de la Grande-Bretagne ou de l’Europe de l’Ouest. Le mur du nord est une allusion directe au mur d’Adrien qui annonçait les limites de l’empire romain. Mieux : le générique même de la série est une carte ! En savoir + sur les cartes de la série

Diapositive34    34 - Bienvenue aux Koanas

Connaissez-vous les îles Koana ? Non ? Cet archipel entre l’Australie et Madagascar ? Et pourtant il existe pléthore de cartes hyper détaillées de ces îles : cartes topographiques, cartes des villes, des métros, et même une vue satellitaire nocturne. Vous ne voyez pas ? C’est normal, les îles Koana n’ont jamais existé. Elles sont nées de l’imagination d’un cheminot australien, Ian Silva, qui, à ses heures perdues a inventé et cartographié tout un univers non plus avec des cartes « fantaisies » mais avec des représentations reprenant exactement les critères sémiologiques actuels depuis la topographie en passant par les cartes symboliques. Le web s’en est emparé et toute une communauté est née autour de l’histoire des îles Koana… En savoir + sur NSWIKI

Diapositive35    35 - À profusion !

LE domaine où la cartographie de l’imaginaire se déploie véritablement aujourd’hui est bien entendu le domaine des jeux de rôles, jeux de plateaux… S’en est même l’élément central ! Ultracodifé, plus souvent un dessin qu’une vraie représentation cartographique « réaliste », n’oublions pas le bon vieux jeu de l’oie ! Est-ce une carte ?

Diapositive36    36 - Faites-le vous-même !

Désormais, sur le Net, de nombreux outils existent pour « jouer » aux cartographes de l’imaginaire. Quelques exemples recensés par le site sur la création d’escape game par exemple permettent de recréer de toutes pièces des cartes de lieux qui n’existent pas, ou d’habiller des lieux existants d’un univers fantastique. N’hésitez pas à aller jeter un œil sur ces sites, c’est souvent très stimulant pour sa créativité et son imagination.

Diapositive37    37 - Faites-le vous-même !

L’une des plus jolies interfaces de réalisation de cartes de mondes imaginaires est certainement le « Fantasy Map Generator » : https://azgaar.github.io/Fantasy-Map-Generator . Allez y faire un tour si vous avez un monde en tête !

Diapositive38    38 - Les pros

Savez-vous que désormais, cartographe de l’imaginaire est un métier ? En effet, devant la multiplication des jeux de plateaux, des univers de Science-Fiction, de Mangas, des jeux en ligne, des jeux de rôles, certains graphistes se sont spécialisés dans la cartographie. Il s’agit de la Guilde des Cartographes. Reprenant les règles de base de la cartographie, ils inventent des mondes au gré des scénarios, des projets, des pitchs… quelques exemples dont certains sont vraiment magnifiques ? Rendez-vous sur la Guilde des Cartographes : https://www.cartographersguild.com

Diapositive39    39 - Le voyage à la carte

Avant de conclure, vous signaler qu’il existe désormais aussi une nouvelle tendance en matière de cartographie appliquée aux récits, les outils dits de « story mapping » ou cartographie des récits. Le principe est de mettre en ligne récit écrit + images + géolocalisation exacte. On peut découvrir une histoire à travers ses mots, ses images, mais aussi ses lieux. On peut lire chapitre après chapitre ou se laisser voguer au gré des espaces cartographiques. C’est valable pour des voyages contemporains bien réels, mais aussi pour des œuvres littéraires depuis le Tour du Monde en 80 jours de Jules Verne, jusqu’à sur la route de Kerouac !

Citons en ligne : StoryMaps Tripline ou encore Tour Builder. Démarche intéressante. Voir également cet article de MappeMonde

Diapositive40    40 - Des livres pour y croire

Beaucoup d’ouvrages sur ces thèmes depuis une dizaine d’années. En voici quelques-uns pour aller plus loin… sur terre ou dans d’autres lieux imaginés…

Et plein d'autres références sur la page "dans ma bibliothèque"

 

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