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...Chez Francky

201-1

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TÉLÉCHARGER LE COURS POWERPOINT EN PDF : GE00201V_Tordesillas

Introduction

Si cette UE porte sur la « géopolitique » stricto sensu, c’est-à-dire sur l’étude des conflits et des guerres et plus largement sur les rivalités de pouvoir sur des territoires dans notre monde contemporain, je vais commencer par une petite histoire qui rejoint la grande Histoire et qui, par ses tenants et ses aboutissants, quelque part, n’est pas très éloignée de la pure « géopolitique »… L’idée est également de vous faire comprendre que des divisions du monde, des guerres, des conflits sur des espaces géographiques sont liés à beaucoup de phénomènes, d’évènements, d’enjeux, de contextes présents et passés qui font que c’est toujours plus compliqué qu’il n’y parait ! La preuve avec une petite animation…

Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Pourquoi ces hommes découpent-ils le monde ? Qui sont-ils ? Et quel rapport avec la géopolitique ? Des idées…des suggestions…regardez leurs habits… Allez, je vous écoute…

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Tratado de quoi ? : J’ai trouvé ce montage papier à réaliser soi-même en vente au LX Factory de Lisbonne au Portugal. Il a été produit par André Garcia Pimenta, un artiste spécialisé dans les automates en carton et les Pop-up pour les enfants et symbolise le « Traité de Tordesillas ». On avance un peu ? Qu’est-ce que le Traité de Tordesillas ? Oui ?

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Traité de Tordesillas : Le traité de Tordesillas est un traité signé dans la petite ville de Tordesillas, en Castille, le 07 juin 1494, sous l’égide du pape Alexandre VI. Il est signé par les représentants royaux des deux pays qui dominent le monde occidental en cette fin du XVe siècle : L’Espagne avec le roi Ferdinand II d’Aragon et la reine Isabelle de Castille d’un côté et Jean II du Portugal, de l’autre. Et ce traité vise purement et simplement à partager le monde entre deux pays. Pas une province, une côte, une région, une ville… non, l’intégralité du monde !!! Connu et inconnu !!!! Ce traité définit comme ligne de partage du monde entre Espagne et Portugal un méridien localisé à 1 770 km à l'ouest du Cap-Vert  (aujourd'hui à 46° 37' ouest). Et il dit tout simplement : « tout ce qui est à l’Est est au Portugal et tout ce qui est à l’Ouest est à l’Espagne ». Mais pour comprendre cet étrange pacte, il faut repartir dans le passé, presque 70 ans exactement… Et notamment s’intéresser à un certain Henri le Navigateur…

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Henri le Navigateur : Au début du XVe siècle, c’est le Portugal, à travers le prince Henrique, qui initie ce qu’on va appeler « les grandes découvertes », mais surtout la grande phase d’expansion coloniale des européens. Troisième fils du roi Jean 1er il va s’installer dans le sud du Portugal et s’intéresser de très près aux progrès de la navigation maritime (notamment avec la « caravelle »), de la cartographie (nous en reparlerons dans ce cours…). Il envoie des expéditions d’abord militaires, comme la prise de Ceuta au Maroc alors qu’il a à peine 20 ans, puis plus ou moins commerciales vers l’Ouest et le Sud de l’Atlantique. Madère est découverte en 1419, les Açores en 1427 et surtout, en 1434 une expédition portugaise réussi à passer le Cap Bojador au sud du Maroc, cap, qu’à l’époque on pensait impossible à franchir…. Henri meurt en 1460, mais l’exploration portugaise sur le pourtour de l’Afrique continue pour atteindre l’Océan Indien par le sud au début du XVIe siècle (avec Vasco de Gama et plus tard Magellan, mais c’est une autre histoire…). Et, pendant ce temps là, que font les espagnols ? Colomb, c’est quelle année ?

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Et les espagnols ? En ce milieu du XVe siècle, les espagnols sont à la traine par rapport aux portugais et il faudra attendre un certain Christophe Colomb (ni espagnol, ni portugais mais « italien »: un génois !) pour que l’Espagne se lance véritablement dans la conquête des mers. Pour contrer les portugais qui partent vers l’Est, pour atteindre les « Indes », les espagnols partent vers l’Ouest, persuadés qu’il existe une route plus rapide et plus directe… Et derrière Colomb, il y a… Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille. Donc, les portugais d’un côté, les espagnols de l’autre et c’est la course aux explorations, aux nouveaux territoires et donc, forcément, les conflits potentiels qui s’annoncent, les jeux d’influence, les rapports de force, les manœuvres politiques et, déjà géopolitiques…

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Planisphère de Cantino : Voici le planisphère de Cantino est la plus ancienne carte qui représente les découvertes portugaises mais aussi et surtout la première carte qui représente ce qu’on a appelé le « méridien de Tordesillas » marquant le partage du monde en 2 : l’Ouest pour les espagnols, l’est pour les portugais issus du traité de 1494 sous l’égide du pape. Il tire son nom d’Alberto Cantino, un représentant et espion du duc de Ferrare, qui réussit en 1502 à le sortir clandestinement du Portugal pour l'apporter en Italie, mais c’est une autre histoire... Donc, pour éviter un conflit ouvert entre les couronnes d’Espagne et du Portugal (qui sont tous des cousins !) des négociations sont ouvertes sous l’égide du pape et on arrive à un accord. Bon, les portugais ont réussi à faire déplacer la ligne un peu plus à l’Ouest, ce qui explique qu’on parle portugais au Brésil aujourd’hui et pas espagnol, mais en gros tout ce qui sera à l’Ouest des Açores sera espagnol, tout ce qui sera à l’Est sera portugais. Mais pourquoi ? Et c’est une des grandes questions que vous allez devoir vous poser en terme de géopolitique : pourquoi ?

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Pourquoi ? Pourquoi, en cette fin du XVe siècle et début du XVIe les européens, d’abord les portugais, puis les espagnols, puis plus tard les français, puis les anglais se lancent-ils dans la conquête du monde ? Que cherchent à rejoindre les espagnols et les portugais ? Et pourquoi ?

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Les épices Ce que cherchaient les portugais et les espagnols, c’était quelque chose qu’on connaissait depuis l’antiquité grecque et latine et qui valait bien plus que l’or en Europe à la fin du Moyen-Âge : les épices ! La girofle, le poivre, la cannelle. Dans les cuisines huppées des nobles de Venise, de Bourgogne ou de Séville, on achetait le poivre par grain. Plus on était riche, plus on voulait montrer sa richesse, plus on mettait d’épices dans ses plats… Si aujourd’hui les richissimes milliardaires couvrent d’or leurs toilettes ou leur robinets, au début de la renaissance on couvrait les viandes de cannelle ou de poivre ! On était prêt à faire la guerre pour ces épices, prêt à monter des expéditions, prêt à défier les croyances, prêt à se partager le monde pour contrer les circuits existants…

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Les routes de la soie : Car depuis plus de 1000 ans, ces épices, ces biens précieux venus d’Asie arrivaient par les chinois, par les marchands arabes, par des dizaines d’intermédiaires, des centaines de dangers, au gré des chefs locaux qui pouvaient décider du passage ou non des caravanes, des transports, des hommes, des marchandises qui multipliait les prix parfois de plus de 1000 ! Et, au début du XIIe siècle les petites cités italiennes naissantes Amalfi, Gènes et surtout Venise, commencent à organiser le commerce entre l’Asie et l’Europe, jusque là tenu par les arabes, les ottomans, les peuples d’Asie centrale. Peu à peu émerge la puissance commerciale de Venise et, de fait, son rayonnement européen, la richesse de ses puissants…

Existe-t-il aujourd’hui de tels lieux dans le monde ? Le plus célèbre de ces marchants/explorateurs qui ouvrent le passage à l’Europe vers l’Asie est bien sûr Marco Polo. Et si on considère l’expansion des cités du nord de l’Italie comme une conquête des marchés commerciaux méditerranéens, que penser des croisades ? Et si les enjeux religieux, expansionnistes, territoriaux, étaient aussi liés aux enjeux commerciaux ?

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Le vaste flux de l’humanité : Nous voici donc, remontant à des circuits commerciaux connus depuis l’antiquité romaine, donc sur des espaces géographiques perçus et vécus entre l’Europe, les pays méditerranéens, les régions d’Asie centrale et les empires d’Extrême Orient. Nous voici donc évoquant l’emprise de groupes, de sociétés, de civilisations, de cultures, de savoirs, de religions sur une partie du monde, fluctuant géographiquement à travers l’Histoire. Romains, arabes, vénitiens, portugais… autour de nations qui se font et se défont, qui évoluent, se fondent, s’opposent, se construisent, se déconstruisent, se détruisent, se complètent. Ici c’est pour chercher les épices, ailleurs ce sera pour les esclaves, pour le pétrole, pour l’espace, pour l’eau, pour le pouvoir… Partant d’un simple montage de papier animé nous avons vu comment 2 nations naissantes en étaient arrivé à se partager le monde et pourquoi elles l’avaient fait.

Sur des territoires, nous avons vu des acteurs, des dynamiques, des enjeux… tout ce qui fait la géopolitique non ?

Mais est-ce que, pour autant, l’histoire est finie ?

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La renaissance de la Route de la soie : Vous en avez tous forcément entendu parler : Aujourd’hui, la Chine, par ses investissements dans les transports, dans les achats de ports, d’aéroports en dehors de son territoire (dont celui de Toulouse, achat avorté !), par sa politique commerciale, ses accords bilatéraux, ses tentatives d’accès aux marchés américains, sa soudaine générosité dans la construction d’infrastructures... annonce, de manière presque romantique, le renouveau de cette « route de la soie », plurimillénaire qui permettait aux riches romains de se vêtir de précieuse étoffe, au noble bourguignon de poivrer sa viande, aux médecins hollandais de soigner au clou de girofle. C’était la grande information de 2019 : la nouvelle route de la soie qui allait faciliter encore plus les échanges économiques de tout le continent européen… C’était juste avant l’arrivée d’un certain covid qui désormais rabat entièrement tout le fonctionnement géopolitique de l’humanité…

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À moi de vous poser des questions maintenant :

Pourquoi cette description est-elle biaisée ? Qu’est ce qui est « gênant » dans mon histoire ?

C’est le point de vue d’un occidental, sur l’Occident ! Pas d’un africain, d’un chinois, d’un américain. C’est quelqu’un qui a été éduqué dans un univers centré sur l’Europe et l’histoire de l’Europe. C’est « nos ancêtres les gaulois »… On parle de Renaissance, mais la Renaissance arabe se situe 200 à 300 ans plus tôt que la notre ! On parle de conquête des mers au XVe et XVIe siècle, mais les expéditions maritimes chinoises avaient découvert une bonne partie du monde oriental à la fin du XIVe siècle et c’est vers le IIIe siècle que les polynésiens ont conquis le Pacifique…

Est-ce que vous connaissez d’autres faits, d’autres moments où une partie du monde s’est littéralement partagé la planète ?

Deux très connus :

  • 1885 la conférence de Berlin : les européens se partagent l’Afrique
  • 1945 la conférence de Yalta : Russes et américains se partagent l’Europe

Qu’est ce qu’il faut prendre en compte pour aborder les faits géopolitiques ?

  • Les acteurs : qui ?
  • Les enjeux : pourquoi ?
  • Les dynamiques : comment ?
  • Le contexte historique : quand ?
  • Les territoires : où ?

Qu’est ce qu’il manque dans mon histoire pour être pleinement dans la « géopolitique » ?

La guerre ! Le conflit armé !!!

À suivre...

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